Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 95.djvu/852

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chênes et des cèdres, l’exquise nervure, miroitante et brillante, capricieusement nuancée des plus merveilleuses couleurs.

Du chêne et de l’érable sont construites ces voitures d’une incomparable légèreté que l’Américain affectionne, ces élégans traîneaux, ces victorias et ces coupés qui, par leur bon goût et leur sévère correction britannique, plaisent à l’œil européen. Nous admirons moins l’exposition des tabacs. Vieillotte dans sa conception, elle s’ingénie à reproduire, en matière première, les enseignes bariolées et les types bizarres inséparablement associés, semble-t-il, avec les tabacs de Richmond. Une industrie qui se chiffre par un total annuel de 500 millions de livres et une valeur de 180 millions de francs eût gagné à être mieux présentée. Dans un angle de la section admirez, on revanche, la parfaite simplicité avec laquelle sont exposés les résultats obtenus par le téléphone. Les chiffres parlent seuls, avec une irrésistible éloquence : 275 millions de francs sont aujourd’hui engagés dans cette application naissante qui compte 1,200 bureaux centraux, intermédiaires de 1 million de communications par jour.

En face, notez avec quelle aisance fonctionnent ces machines à écrire, d’une construction si simple, dociles aux doigts qui leur dictent les mots. Le jour approche peut-être où leur clavier léger, plus rapide que la plume, déterminant un alignement plus parfait, un trait plus net, se substituera entièrement à elle. En principe, le problème est résolu et, dès aujourd’hui, on obtient une vitesse triple de celle de l’écriture, un caractère uniforme et clair, un intervalle d’une régularité mathématique entre chaque lettre et chaque mot ; sur un papier non réglé une ligne automatiquement droite ; la possibilité de tirer, du même coup, plusieurs copies du même texte par l’interposition du papier carboné entre les feuilles superposées. Aussi, aux États-Unis, l’usage s’en est-il promptement répandu, et il n’est pas douteux qu’on n’adopte ces machines en Europe le jour où un emploi croissant permettra de les établir à des prix moindres.

Mais si riche et si intéressante que soit l’exposition des États-Unis dans les travées du Champ de Mars, elle est loin de donner une idée complète des progrès réalisés. C’est à l’Exposition agricole et dans la galerie des machines que se révèle surtout la puissance productrice de la grande république américaine. Là, blé, orge, avoine, maïs, coton, laine, sucre, viandes, catalogués et classés, nous parlent des 250 millions d’hectares en pleine culture qu’elle exploite, d’une population qui, en vingt-huit ans, de 1859 à 1887, a augmenté de 95 pour 100, alors que la valeur de ses produits agricoles s’élevait de 8,375 millions à 19,355 millions. Ici, les machines en mouvement attestent l’effort vigoureux d’un peuple pour