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Santiago, la capitale, peuplée de 190,000 habitans, est une des villes les plus riches de l’Amérique. Située dans l’intérieur des terres, sur le rio Mapocho, affluent du Maipo, dans un site riant et un beau climat, centre du gouvernement, des grandes universités et des écoles, centre aussi d’un mouvement intellectuel, scientifique et littéraire, elle est, pour l’étranger, l’une des plus agréables résidences de l’Amérique méridionale. Valparaiso est la métropole commerciale, l’un des ports importans du Pacifique, point de relâche obligé des navires qui, doublant le cap Horn, remontent vers le nord. Les produits du monde entier, les bâtimens de guerre et de commerce sous tous pavillons y affluent. Ville essentiellement cosmopolite, mais d’apparence plus anglaise qu’espagnole, commerçante et cultivée. Valparaiso est appelée à un grand avenir ; à l’étiage de son commerce se mesure la prospérité du Chili.

En fermant à la Bolivie, par la conquête de la province d’Atacama, tout accès à l’Océan-Pacifique, le Chili l’a réduite à une situation quelque peu analogue à celle du Paraguay. Enfermée entre le Brésil, la République Argentine, le Chili et le Pérou, forcément repliée sur elle-même, la Bolivie a su mettre à profit la période de paix qui a succédé aux désastres de la guerre de 1870. Dans son élégant pavillon, qui rappelle par son architecture originale et bizarre les constructions boliviennes modernes, elle expose ses riches échantillons d’argent, de cuivre et de manganèse, le café, le caoutchouc et le coca, ses importantes collections anthropologiques et zoologiques, sa faune et sa flore, son couloir de mines construit avec des minerais d’argent d’un poids de 25,000 kilogrammes et d’une valeur de 70,000 francs.

Sur une superficie double de celle de la France, 2,300,000 habitans ; sous la zone tropicale, le sol le mieux arrosé de l’Amérique méridionale ; sous un climat brûlant, un massif de 4,000 mètres de hauteur formé par la Cordillère des Andes ; de grands lacs et de nombreux cours d’eau, une terre fertile et les plus riches mines autrefois connues, tels sont les traits caractéristiques que met en relief un examen attentif de l’exposition bolivienne. Le sucre et le café, l’or et l’argent, la vanille et le quinquina, les bois précieux et le tabac exquis, le coca, la laine, le coton et le salpêtre se coudoient sur ses étagères, s’étalent dans ses vitrines et attestent la richesse de cette terre de Potosi, d’où depuis 1545 on a extrait plus de S milliards d’argent.

Ici, la Cordillère des Andes dresse ses sommets les plus altiers, son pic de Sorata de 7,000 mètres de hauteur. Les forêts tropicales de la Bolivie n’ont rien à envier à celles du Brésil et de l’Amérique centrale. On y trouve, avec la plus grande variété de serpens et de reptiles connus, une innombrable variété d’insectes et d’animaux,