tranquille et profonde d’eau, de rochers et de ciel d’une clarté admirable, est l’œuvre d’un poète naïf et d’un paysagiste supérieur. Les études de M. Heyerdahl, le Soir d’été, les Deux sœurs, la Fille aux fraises, bien supérieures à son tableau de l’Ouvrier mourant, trop imprégné de dilettantisme, montrent, en lui, devant la nature, un praticien inégal et heurté, mais étonnamment sincère et pénétrant. Les quatre paysages d’hiver de M. Thaulow sont d’une exactitude vive et délicate avec de l’esprit et de la dextérité dans l’arrangement des figurines. Tandis qu’un grand nombre de septentrionaux se fixent à Paris, quelques autres se fixent à Berlin : M. Normann, le paysagiste minutieux et implacable des fiords norvégiens, gagnera-t-il, au contact de l’école allemande, le charme harmonieux qui manque à ses panoramas si extraordinairement clairs et véridiques ? M. Otto Sinding y conservera-t-il cet enthousiasme presque enfantin pour les vives clartés d’un ciel bleu à travers les pommiers en fleur, ses scintillemens et ses reflets dans une nappe d’eau transparente qui, nous attirent délicieusement dans son Printemps et son Été ? De Berlin comme de Paris, peut-être feraient-ils bien de n’en pas tant user, et de rentrer, avec leurs bons outils, dans leur pays qui les inspire beaucoup mieux. Nous avons sans doute à Paris quelques Norvégiens, timides ou téméraires, d’une individualité presque intacte, Mil. Skredsvig, Wentzel, Soot : pourvu qu’ils ne se fassent pas trop à nos belles manières !
Les petits états du Nord : Belgique, Hollande, Danemark, Suède, Norvège, apportent, nous le voyons, un élément sérieux de fermentation dans la peinture moderne. En est-il de même de pays plus considérables, soit par leur histoire, soit par leur étendue, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, la Suisse, la Russie, les États-Unis ? Les artistes de toutes ces contrées se sont présentés en assez grand nombre, et nous pouvons juger leurs tendances. Dans la Grèce, où tout était à refaire, on ne perçoit encore que des tâtonnemens et des lueurs ; le plus distingué des Hellènes, M. Balli, est un élève fidèle de M. Gérôme, qui pourra exercer une action utile s’il applique plus constamment son talent à l’étude des mœurs locales. En Suisse, il y a trop de contacts avec Paris ou Munich pour qu’il s’y forme aisément une école locale ; M. Giron, le plus brillant des portraitistes genevois, a toute la désinvolture et le brio d’un Parisien pur-sang ou d’un Américain parisianisé ; MM. Jules Girardet et Eugène Girardet, qui, tous deux, comme peintres d’anecdotes,