nomme tutelle, régime dotal ou fonction publique, est par-dessus tout prudente et ménagère, ennemie jurée des aventures, condamnée parfois à sacrifier de sérieuses chances de gain à la crainte d’une perte légère, plus soucieuse de conserver que d’accroître le dépôt commis à sa garde, retranchée, par toutes ces raisons, derrière une triple enceinte de formalités et de garanties, et, pour la caractériser d’un mot, essentiellement défensive. Que ceux qu’elle protège s’y trouvent souvent à la gêne, personne ne le nie, et personne néanmoins ne proposera sérieusement de faire tomber ces barrières ; car le jour où l’on attribuerait, par exemple, au ministre des travaux publics le monopole de l’exploitation des mines avec pleins pouvoirs, il y aurait la même raison d’autoriser le ministre des finances à faire la banque pour le compte de l’État avec les fonds du Trésor. On pourra réformer certains abus, économiser les forces et les mieux répartir, imprimer, à tous les degrés de la hiérarchie, une impulsion plus énergique et plus rapide ; on n’arrivera jamais à établir la situation de l’État vis-à-vis de ses représentai sur le pied de confiance presque absolue d’une commandite. Il le faudrait pourtant, si l’on voulait assurer aux fonctionnaires la liberté d’esprit, la rapidité de décision, l’initiative hardie que réclame une entreprise industrielle et, plus que toute autre, la direction d’une mine, où les plus graves difficultés techniques viennent se compliquer des risques d’une exploitation commerciale.
Propriété nationale, la mine est fatalement frappée de stérilité ; propriété publique ou collective, elle serait une cause permanente de troubles. Nous voyons ce qu’en ferait une administration d’État. Si l’on veut savoir ce qu’elle deviendrait entre les mains d’une communauté d’habitans, de curieuses révélations vont nous l’apprendre. Il s’agit des mines de fer de Rancié, attribuées, depuis 1293, aux habitans des huit communes de la vallée de Vicdessos, dans l’Ariège, par une charte de Roger, comte de Foix, leur seigneur. L’autorité seigneuriale s’était, complètement désintéressée de l’exploitation du minerai, qui fut ainsi livré au pillage. Pendant cinq cents ans, la mine ne connut d’autre régime légal que l’anarchie absolue, tempérée de temps à autre par des exécutions sommaires, lorsque les désordres, devenus intolérables, appelaient l’intervention du seigneur. À la Révolution, les droits des mineurs de Rancié furent respectés ; la législation de l’empire n’y porta pas non plus atteinte. Pour la forme, on régularisa la situation par une concession nominale au profit des communes de la vallée ; en fait, l’extraction collective des habitans s’est continuée comme devant. En 1835, l’État, pour mettre un terme aux abus, a pris la direction des travaux et les fait diriger par le service des mines. M. Fougerousse, qui a visité l’exploitation en 1883, en a rapporté