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uniforme. Il commence à se dessiner en 1872 ; mais c’est seulement à partir de 1878, au moment même où de toutes parts les réformes s’accomplissent, qu’il s’accentue et s’accélère. Il y avait 10,972 étudians en 1878 ; nous en trouvons 12,000 en 1881, 13,000 en 1883, 15,000 en 1884, plus de 16,000 en 1885, et enfin 17,630 en 1888. La progression ne s’est pas fait sentir également dans tous les ordres de facultés. La population des facultés de droit était de 3,969 étudians, en 1844. En 1869, elle s’était élevée à 5,220. Elle n’a été, en 1888, que de 5,152. Dans les écoles de médecine, au contraire, il y a eu, pendant la même période, un gain considérable. De 3,159, leur clientèle a monté, principalement à dater de 1880, à 6,455 étudians. Progression analogue dans les écoles de pharmacie. Mais c’est surtout dans les facultés des sciences et dans les facultés des lettres que la cime s’est fait sentir. Naguère encore, il n’y avait pas d’étudians proprement dits dans ces facultés. On n’inscrivait, on ne comptait comme tels dans les statistiques, que les candidats à la licence, qui la veille de l’examen prenaient quatre inscriptions d’un seul coup, pour se mettre en règle avec le fisc. C’était au plus, dans les bonnes années, 100 étudians dans les sciences, 150 dans les lettres, et presque tous fictifs. Tout à coup, à partir de 1877, nous trouvons 384 étudians dans les facultés des sciences, 286 dans les facultés des lettres ; puis, d’une année à l’autre, ces nombres se doublent, se triplent, se quadruplent, et finissent par atteindre les chiffres inespérés de 1,335 dans les sciences, de 2,358 dans les lettres. Par conséquent, dans l’accroissement total du nombre des étudians, les facultés des sciences et des lettres entrent en compte pour plus de 3,500 unités. Ce n’est pas là purement et simplement l’accroissement d’une chose préexistante ; c’est de toutes pièces la création d’une chose vraiment nouvelle.

Par là nous avons, en très grande partie, regagné l’avance que de tout temps l’Allemagne avait eue sur nous. Autrefois, le nombre de ses étudians était double du nôtre. Il lui est encore aujourd’hui supérieur de 12,000 environ. Mais la population de l’empire d’Allemagne est de 45 millions d’habitans ; celle de la France n’est que de 38 millions. Et puis, ne l’oublions pas, nous avons en France des institutions qui détournent des facultés une notable partie du contingent qui, en Allemagne, va droit aux universités : nos lycées d’abord, où s’enseignent quantité de choses qui ailleurs sont du domaine de l’enseignement supérieur, puis l’École polytechnique, l’École normale, l’Ecole des chartes, enfin tous les grands séminaires. En Allemagne, rien de semblable ; seul l’enseignement technique a des écoles spéciales ; tout l’enseignement scientifique se donne aux universités. Partant, c’est aux universités que va presque