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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/143

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L'UNIVERSITE DE MONTPELLIER


I

Nous venons de fêter, il y a un mois, le sixième centenaire de l’université de Montpellier. A dire le vrai, la date n’était pas parfaitement exacte : nous étions en retard d’un an, puisque la bulle du pape Nicolas IV, qui l’a instituée, est de 1289 ; mais l’an dernier appartenait à l’Exposition universelle, il a fallu remettre la cérémonie à cette année.

C’était la première fois que la France célébrait un anniversaire de cette sorte, et nous n’étions pas sans quelque inquiétude sur le succès de l’entreprise. Savions-nous d’abord si les étrangers, que nous avions appelés à participer à la fête, répondraient à notre convocation ! Pouvait-on espérer qu’une ville éloignée, dont l’ancienne réputation avait un peu pâli depuis un siècle, aurait sur eux assez d’attrait pour les faire venir de la mer du Nord et de la Baltique jusqu’aux bords de la Méditerranée ? Et les habitans même du pays, étions-nous sûrs qu’ils prendraient beaucoup d’intérêt à ces souvenirs lointains qu’on voulait glorifier devant eux ? Les gens d’Upsal, de Heidelberg, de Leyde savent parfaitement ce qu’est leur université ; ils la voient, elle est vivante sous leurs yeux. Aucun d’eux ne peut ignorer ce qu’elle ajoute de renommée à leur ville, ce qu’elle lui procure de bien-être ; ils sont fiers d’elle, et sa gloire est leur gloire. Rien de pareil n’existe chez nous ; il y a un siècle que les anciennes traditions ont été interrompues. Depuis la révolution française, les universités ne sont plus qu’un nom, et ce nom laisse indifférens ceux qui ne savent pas l’histoire du passé. On