Ce fut un grand émoi dans le monde des philosophes et des lettrés, lorsque, en 1842, Cousin tira d’un sommeil de deux cents ans-et publia dans la Revue le Discours sur les passions de l’amour. On sait qu’il ne s’agit nullement d’un discours au sens qu’on attache le plus souvent à ce mot aujourd’hui, c’est-à-dire d’une suite ordonnée de réflexions visant un même objet ; il s’agit d’un groupe fort confus de pensées et d’observations sur des matières qui, sans être, au fond, étrangères les unes aux autres, ne se rapportent pas toutes directement à l’amour. Le nœud qui lie ces fragmens entre eux est parfois lâche, dissimulé, d’ailleurs, par le pêle-mêle qui les sépare ou les rapproche au hasard. Le manuscrit original a disparu ; Cousin n’en a trouvé qu’une copie dans un recueil où ils sont attribués à Pascal. Peut-être Pascal les avait-il écrits sur des lambeaux de papier réunis sans ordre, comme ses autres pensées, et le copiste les aurait reproduits dans leur succession chaotique. Peut-être aussi Pascal les avait-il rédigés sur un même cahier, mais sans composition, à mesure que les idées lui venaient à l’esprit. Quoi qu’il en soit, tels que nous les lisons, ces fragmens sont comparables aux pièces brouillées d’un jeu de patience, dont l’arrangement rétabli représenterait un visage. Il y a plus : si, examinant les sujets distincts que Pascal y aborde, on est curieux de
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Apparence
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EXAMEN
DU
DISCOURS SUR LES PASSIONS DE L’AMOUR