Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/616

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA DERNIERE CRISE
DU
CREDIT FONCIER

Le Crédit foncier sort de la crise singulière qu’il a subie pendant les deux derniers mois, à la fois intact et fortifié. La confiance du public dans la solidité de son crédit n’a pas été entamée. Les cours des obligations ont été à peine atteints par quelques offres, ceux des actions ont trahi plus d’anxiété chez quelques-uns des porteurs de ces titres ; mais tout s’est passé dans un cercle restreint de capitalistes qui suivent de près le mouvement des affaires. Le grand public, dont les épargnes sont placées en obligations foncières ou communales, s’est à peine ému du bruit qui se faisait autour de l’établissement. La plupart des obligataires l’auront même ignoré.

Ce n’est, d’ailleurs, pas la faute de la spéculation s’il en a été ainsi. Dès que se produisirent les premières attaques à la suite de la démission d’un des deux sous-gouverneurs, il fut aisé de comprendre que la lutte allait avoir la Bourse pour théâtre, aussi bien que la presse et la chambre des députés. En sorte que dans la campagne ouverte si brusquement contre le Crédit foncier, il y a eu un mélange extraordinaire de motifs honnêtes et d’autres qui ne l’étaient guère, d’indignation vertueuse contre des méfaits dénoncés à la tribune du corps législatif, et de pratiques d’ordre absolument