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départemens provençaux et languedociens, le produit de l’once de graines s’est élevé en moyenne, en 1883, à 50 kilogrammes. Il a été de 65 kilogrammes dans le district de Pesaro, tandis que chez nous il est, selon les statistiques officielles, de 34 kilogrammes en moyenne et dépasse assez rarement 40. Dans le Frioul autrichien, où la température ne diffère pas sensiblement, certains grands éleveurs sont arrivés à des rendemens de 65 et même 70 kilogrammes à l’once de graines. Les causes de cette production intensive ne sont pas douteuses, elles résident dans l’amélioration des races et dans la protection contre les intempéries et les maladies. Déjà nos sériciculteurs ont réalisé des progrès sérieux, puisque, d’après M. Pasteur, le rendement moyen n’était que de 18 kilogrammes dans la période de 1846 à 1853 qui a été la plus prospère pour notre industrie séricicole. Mais il leur reste encore autant de chemin à parcourir pour être en état de lutter avec leurs rivaux. C’était l’avis de M. Pasteur, de M. Maillot, le regretté directeur de l’école de Montpellier ; c’est également l’opinion de la chambre syndicale des filateurs et mouliniers de Valence qui, depuis 1873, a fait des efforts et des sacrifices très louables, mais à peu près inutiles, pour lancer notre sériciculture dans cette voie. Le syndicat de Valence achète, au prix de 12 francs l’once, une certaine quantité de graines de premier ordre surveillées dans leur préparation par un agent du syndicat. Ces graines sont vérifiées au microscope, et le syndicat ne garde que celles qui sont absolument saines, qu’il vend 10 francs, soit avec 2 francs de perte, aux éleveurs. Comme il ne suffirait pas aux demandes, et que ses ressources sont limitées, un registre de souscription est ouvert dès le mois de juin, et les premiers qui ont souscrit sont les premiers servis au printemps suivant. Le syndicat ne se contente pas de livrer des graines de l’espèce des Pyrénées et d’une santé parfaite, il fait hiverner ces graines à Notre-Dame-des-Neiges, un sommet assez élevé de l’Ardèche. Ce système de laboratoires et de stations hivernales a donné d’excellens résultats, car les graines du syndicat ont produit des rendemens supérieurs à 60 kilogrammes par once. Mais, en dépit de subventions de la chambre de commerce de Lyon et de l’État, le syndicat de Valence est arrivé à peine à distribuer 1,200 onces par an, et la France en met plus de 250,000 en éclosion. Les éducateurs qui achetaient ces graines à 10 francs devaient rendre compte de la marche des éducations et des résultats. Un très petit nombre sont, paraît-il, fidèles à cette obligation, établie cependant dans leur propre intérêt. C’est pourtant dans cette voie qu’il faut entrer, mais d’un pas plus ferme. Le prix de 10 francs l’once est trop élevé, il faudrait le faire descendre à 5 et 3 francs. Pour obtenir ce résultat, il conviendrait que l’État