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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 101.djvu/186

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accordât une subvention beaucoup plus considérable, il faudrait mettre en adjudication les fournitures de graines et en acheter 50,000 ou 100,000 onces. On obtiendrait alors celles-ci sans peine à 5 francs l’once, et on pourrait les vendre 3 francs au petit agriculteur, après les avoir examinées au microscope et fait hiverner dans une demi-douzaine de stations séricicoles.


II. — LA FILATURE ET LE MOULINAGE.

Le dévidage et l’assemblage des fils du cocon s’accomplissent dans les filatures et donnent ce qu’on appelle la soie filée ou soie grège. La torsion des soies filées s’opère dans les moulinages et fournit aux tisseurs des fils moins brillans, moins élastiques que la soie grègen mais plus forts et plus résistans, les trames, les organsins, le crêpe, la grenadine, le cordonnet.

La filature de la soie est une opération des plus simples, qui peut s’accomplir et s’accomplit encore en Asie avec l’emploi d’une chaudière et d’un tour ou dévidoir mù à l’aide d’un rouet à ficelle ou d’une manivelle. Le cocon se dépelotonne dans l’eau chaude par la dissolution de l’enduit gommeux qui entoure le fil ou bave du ver. On fait ensuite passer plusieurs baves sur le tour, en les pressant les unes contre les autres de façon à obtenir un faisceau qui constituera le fil de la grège.

En Europe, ces diverses opérations sont faites par des femmes qui asphyxient d’abord la chrysalide du cocon dans des fours à vapeur, ou des fours à air chaud. Les cocons étouffés sont ensuite séchés sur des claies, puis apportés à l’ouvrière fileuse. Celle-ci les jette dans une bassine en cuivre étamé ou en terre cuite vernie, elle fait couler de l’eau chaude, puis avec un petit balai de bruyères appelé l’escoubette, elle bat les cocons en leur imprimant un faible mouvement de rotation, afin d’enlever les frisons ou fils extérieurs qui sont de mauvaise qualité. Le battage cesse quand ces fils sont enlevés. La fileuse attache alors à un crochet de la bassine le faisceau des fils restant au cocon, elle prend les baves de plusieurs cocons suivant la qualité de la soie à filer, les croise à la main en une centaine de tours, ou bien les fait croiser par des instrumens spéciaux qui s’appellent, suivant les systèmes, le croiseur ou la tavelette. Il faut en moyenne de 10 à 13 kilogrammes de cocons pour faire un kilogramme de soie grège.

Toutes ces opérations sont simples, mais très délicates, parce que le fil de soie passe par des alternatives d’humidité, de chaleur et de sécheresse qui modifient à tout instant son volume et sa résistance.

Elles sont faites par des jeunes filles ou des femmes dont le