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LES PROJETS
D'ENSEIGNEMENT CLASSIQUE FRANCAIS
AU POINT DE VUE NATIONAL

L’enseignement secondaire est aujourd’hui livré à une sorte d’antinomie qui, au premier abord, paraît insoluble. D’une part, plus la vie nationale devient complexe et variée, plus elle a besoin d’un système d’éducation qui maintienne son unité intellectuelle et morale, en développant un même esprit public. À ce premier, point de vue, l’enseignement secondaire doit donc être un. D’autre part, la diversité des objets de connaissance et des applications professionnelles va croissant ; il faut donc renoncer à vouloir tout apprendre à tous. À ce second point de vue, une certaine variété sur les points accessoires semble indispensable dans l’enseignement secondaire. La conciliation de cette variété avec l’unité, tel est le problème qui s’impose aujourd’hui, et dont la récente réforme du baccalauréat, accomplie aux dépens des études philosophiques, ne fournit point une solution satisfaisante. C’est qu’on n’a su déterminer ni la partie fondamentale ni la partie accessoire de l’enseignement secondaire, faute du vrai critérium, qui, selon nous, est dans la distinction des études purement instructives et des études éducatives nécessaires au maintien de l’esprit national.

En outre, on ne se contente pas aujourd’hui de réclamer des degrés dans l’enseignement, une instruction complète et vraiment classique pour les uns et, au-dessous, une instruction plus pratique pour les autres ; on va jusqu’à demander l’équivalence finale des divers degrés, avec des titres égaux de bacheliers pour sanction. Il