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pensionnaires, fidèles à leurs engagemens, n’avaient pas cessé d’en remplir les conditions formelles ; et, de droit, ils reprenaient leur place dans cette maison dont ils avaient conservé l’esprit. De la sorte, l’institution qu’ils personnifiaient avait pourvu à sa conservation. Elle ne s’était pas dissoute et elle n’avait créé au pays aucun embarras. Tout cela, elle le devait à son directeur qui, dans un moment critique, l’avait fortement maintenue et en même temps assurée contre ceux qui l’attaquaient dans notre pays. Cependant, ni de l’administration, ni de l’Académie des Beaux-Arts, M. Alaux ne reçut les témoignages publics de satisfaction qu’il avait mérités.

Mais aussi ses lettres étaient si modestes ! Il s’y effaçait volontairement derrière les faits. Et puis en apparence les choses s’étaient très simplement passées. Ainsi s’expliquait sans doute que ses communications eussent été froidement accueillies. La réserve de l’Académie des Beaux-Arts lui fut particulièrement sensible. Cependant, à la rigueur, elle pouvait se comprendre. Les circonstances n’étaient guère moins difficiles à Paris qu’à Rome. Au moment où M. Alaux partait pour Florence, la mission de M. de Lesseps était à son début et l’issue des négociations pouvait être telle que, par voie de conséquence, la détermination du directeur lût considérée, sinon comme fâcheuse, du moins comme trop précipitée. Il n’appartenait qu’au gouvernement de la juger.

En tout cas, les procès-verbaux de l’Académie à cette époque sont curieux à consulter. Ils étonnent au premier moment par leur indifférence apparente. Rédigés avec soin, ils sont le parfait miroir de la vie académique dans son impersonnalité. Comme plus tard en 1870, la compagnie poursuit imperturbablement ses tâches. Pas une séance où l’on ne lise quelques mots de son dictionnaire : Abeille, Accord, Adoucir. La section de musique s’occupe des améliorations apportées au cor par Bartsch. Un correspondant rend compte de la solennité musicale célébrée à Dresde à l’occasion du troisième centenaire de la chapelle royale. Un sieur Philippon adresse à l’Académie un plan d’habitation rurale dont il est l’auteur et demande que, pour récompense de ce travail, il lui soit donné une charrue… Renvoi au ministre de l’agriculture. Tout cela est fort clair. Mais à côté de ces faits divers, les choses plus intéressantes restent un peu obscures, parce qu’elles sont plus compliquées ou plus délicates ; un procès-verbal analytique n’est qu’un document imparfait. Et puis alors les communications avec l’étranger étaient lentes. La télégraphie n’était pas internationale, et les courriers mettaient cinq ou six jours à venir d’Italie. Le mémoire par lequel M. Alaux faisait connaître les circonstances qui avaient motivé sa résolution de transporter momentanément à Florence le siège de