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d’organisation militaire, plus d’idées personnelles qu’en tout autre, et même que son action y avait été plus sensible, plus décisive, sa part d’initiative plus large que partout ailleurs.

En novembre 1806, le roi avait traduit, dans une série d’instructions, ses vues sur une transformation de la tactique. Le 1er décembre 1806, par un premier effort de réaction contre le courant de lâcheté et d’abandon universel qui avait livré la Prusse, il avait prescrit des mesures sévères contre les généraux coupables d’avoir capitulé sans défense. Enfin dans l’instruction autographe qui fut publiée à la fin de juillet 1807, et qui suivit immédiatement l’institution de la commission de réorganisation militaire, le roi posait, en dix-neuf points, les questions qui allaient faire l’objet du premier examen et des premières réformes. Scharnhorst a déclaré lui-même que, dans les travaux qui précédèrent l’institution de la commission de réorganisation, Frédéric-Guillaume III avait suggéré aux réformateurs plus d’une idée utile.

La publication récente des mémoires de Boyen et les travaux sur la vie de Scharnhorst ne permettent point de laisser à Frédéric-Guillaume III le bénéfice de ces appréciations. Il s’était sans doute attaché particulièrement, plus par tradition de famille et de situation que par goût, aux questions militaires, mais pas plus là qu’ailleurs il ne savait vouloir. Partagé entre lescourans contraires, entre la pression de l’opinion et les influences de son entourage de cour, entre la nécessité d’une réforme commandée par la situation, et le vague pressentiment qu’il pourrait en fin de compte se trouver entraîné plus loin qu’il ne voulait, il ne sut pas éviter ces apparences de duplicité auxquelles la faiblesse échappe si difficilement. Tandis que les réformateurs proclamaient, et proclamaient peut-être plus qu’ils n’y croyaient, la bonne volonté et l’absence de préjugés du roi, Frédéric-Guillaume III avait donné dans la composition même de la commission de réorganisation militaire un témoignage de ses résistances intimes. Il y avait assuré la majorité aux adversaires de toute réforme.

Scharnhorst et Gneisenau s’y trouvaient seuls en présence de Massenbach, de Lottum et de Bronikowsky. Ce fut seulement en août 1807 que Scharnhorst obtint du roi la nomination de Grollmann, et assura ainsi l’entrée dans la commission d’un nouvel auxiliaire, en alléguant la nécessité d’y représenter les officiers subalternes.

En octobre 1807, les partisans de l’ancien état de choses firent décider, pour compenser l’entrée de Grollmann dans la commission, la nomination de Borstell, et, dès le mois de décembre, le parti de l’ancienne armée, qui avait semblé un instant écrasé sous