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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le marché de la rente française a encore accaparé, pendant cette quinzaine, la plus grande part de l’attention du public financier, tant par l’étendue des opérations engagées que par la rapidité si extraordinaire de la hausse obtenue et par l’importance des mouvemens qui ont été la conséquence de cette rapidité.

Le 3 pour 100, du 1er au 15, avait été porté de 95.25, dernier cours de compensation, à 96.50. C’est à ce niveau que le coupon trimestriel fut détaché le 10. La rente ressortait alors à 95.75. Elle recula immédiatement d’un franc à 94.75, entraînant avec elle le reste de la cote dans un mouvement uniforme de réaction d’ailleurs modérée.

Un second mouvement de bascule ramena cependant bientôt notre fonds national à 95.70, soit à cinq centimes prés au plus haut cours coté ex-coupon, et pendant quelques jours ce niveau fut maintenu. La spéculation semblait viser pour la liquidation le cours de 96 francs.

Mais des avertissemens de prudence arrivaient de Londres, où la place, surchargée d’engagemens en valeurs internationales, en titres miniers, et en actions de chemins fer anglais et américains, était menacée d’un accès de resserrement d’argent. Une sorte de crise avait éclaté à New-York, et des expéditions d’or de la Banque d’Angleterre pour le Nouveau-Monde semblaient imminentes. L’escompte dut être porté à 5 pour 100 au-delà du détroit. Les haussiers répondirent ici, par bravade, à cette mesure de défense par une pointe en avant du 3 pour 100 à 95.70, mais le lendemain, sur une mesure analogue adoptée par la banque de l’empire allemand, le marché revint sur sa première impression optimiste, et de nouveau le 3 pour 100 recula à 95 francs.

La veille de la réponse des primes, un dernier revirement a remis toutes choses en l’état où elles se trouvaient avant la hausse de l’escompte, et, notamment, la rente à 95 fr. 50, l’amortissable, un peu au-dessous de 97 francs; le 4 1/2, un peu au-dessus de 106. Les reports ne s’annoncent point élevés jusqu’à présent, et les achats pour compte des caisses publiques se sont continués, aidant au maintien de la fermeté générale, si nécessaire au point de vue de l’opération, maintenant très prochaine, de l’emprunt de 700 millions.

Malgré ce concours des caisses où viennent se réunir tous les courans convergens de l’épargne, un écart subsiste entre les cours du comptant et ceux du terme, et une nouvelle avance au-dessus du niveau atteint au milieu du mois ne pourra être tentée qu’après que cet écart aura disparu. Ce sera sans doute le résultat poursuivi après