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la liquidation de fin septembre, pourvu que le resserrement de l’argent n’ait pas pris à ce moment un caractère plus aigu. Il ne semble pas qu’il y ait rien de sérieux à redouter dans ce sens. Les achats considérables de bons de la dette fédérale par le secrétaire du Trésor à Washington ont rendu l’aisance au marché de New-York, au moins pour un certain temps. A Londres, la liquidation a laissé derrière elle quelques dégagemens à opérer en valeurs internationales ou minières, ce qui explique la quantité d’ordres de vente venus de Londres sur notre place en titres turcs et Rio-Tinto. A Berlin aussi, le marché avait été, pendant quelques jours, un peu troublé par la baisse de la rente italienne et les appréhensions de cherté de l’argent. Déjà ce désarroi momentané s’est apaisé. La liquidation passée, les tendances optimistes reprendront aisément le dessus, et les banquiers procéderont aux derniers préparatifs de la campagne d’hiver.

De grandes opérations sont, en effet, de tous côtés à l’étude ou en voie d’élaboration. Il en est une qui va être lancée dès le milieu d’octobre, et donnera ainsi le signal du retour à l’activité financière. Il s’agit d’un emprunt de 600 à 800 millions de francs pour la conversion de la dette cubaine. Cette dette, actuellement en 6 pour 100, sera remplacée par un 5 pour 100 amortissable en cinquante années. Une première émission partielle sera faite au cours de 95 pour 100, à Paris, à Londres et en Espagne, par les soins d’un syndicat d’établissemens de crédit à la tête duquel se trouvent la Banque hispano-coloniale de Barcelone et de la Havane et la Banque de Paris et des Pays-Bas. Les coupons trimestriels du nouveau titre colonial seront payables sur les mêmes places. Le 5 pour 100 amortissable cubain sera nanti de la garantie subsidiaire formelle du trésor espagnol. La seule annonce de l’imminence de cette opération a suffi pour relever l’Extérieure à 78 1/2.

Le Portugais est resté faible à 62 1/2. La situation financière est embarrassée et les arrangemens en cours de négociation pour un nouvel emprunt se heurtent à de grosses difficultés.

La rente italienne a été l’objet d’un fort mouvement de réaction pendant la première moitié de la quinzaine et d’une reprise aussi vive qu’avait été la baisse, dans les derniers jours du mois. Une conversation avec M. Crispi, publiée par un journal du matin avec un certain apparat, émaillée de déclarations des plus amicales à l’égard de la France, a servi de prétexte au raffermissement. Le gouvernement italien ne sait comment sortir des embarras budgétaires où l’a conduit la politique dynastique et économique suivie pendant les trois dernières années. Ramener l’opinion française à une disposition plus favorable à l’Italie et amadouer le marché français en faveur des valeurs italiennes existantes ou à émettre, tel est l’objet que poursuit le président du conseil du roi Humbert. Le marché allemand ne suffit plus à l’absorption des titres dont la création est indispensable pour que la