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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre.

Quand le repos a eu son temps dans les affaires publiques; quand les jours s’enfuient, emportant avec eux ce qui reste du calme bienfaisant de l’automne, le mouvement renaît par degrés dans la ville où tout revient, d’abord un peu vague et indécis, puis plus pressant et plus bruyant. A mesure qu’on approche de l’ouverture de nos chambres, qui vont se réunir dans cinq jours, ce mouvement des choses publiques recommence; il se fait sentir à une certaine agitation des esprits, à l’ardeur des polémiques, aux passions de parti qui se réveillent et se donnent rendez-vous, à cette multitude de projets improvisés, proposés à la légère, comme pour gaspiller d’avance une session destinée aux affaires. Oh ! sûrement, ce qui s’agite, ce n’est pas le pays, étranger par lui-même aux vaines querelles de ceux qui l’exploitent et l’abusent, accoutumé à tout subir sans se détourner de son travail, et peut-être aussi souvent sans être dupe; c’est ce monde remuant et factice, qui vit dans les chambres ou autour des chambres, qui passe son temps à méditer des interpellations, à prévoir les crises ministérielles, à préparer les conflits ou les surprises, à chercher les secrets compromettans, et semble vouloir regagner ces deux ou trois derniers mois perdus au repos des vacances. On va se retrouver tout prochainement au Luxembourg et au Palais-Bourbon, c’est certain. Les ministres, de leur côté, ont regagné leur poste, et M. le président de la république lui-même a quitté les beaux ombrages de Fontainebleau pour rentrer à l’Elysée. Tout est prêt. Que fera-t-on maintenant de ces deux mois de session extraordinaire qui vont commencer, pendant lesquels on aura encore une fois à choisir entre la politique de l’agitation stérile, des discussions oiseuses, des