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plus favorables, et la rente a continué à fléchir avec les fonds étrangers.

La réaction toutefois est jusqu’ici modérée. Il semble étrange de parler de faiblesse ou de baisse à propos du cours de 94.40 sur le 3 pour 100, alors que notre fonds national ne valait encore que 87.70 à la fin de décembre 1889 et 82.75 à la fin de décembre 1888. Les rentes internationales n’ont elles-mêmes perdu qu’une bien faible partie de l’avance si considérable qu’elles ont obtenue depuis une année. Londres a inspiré pendant quelques jours des inquiétudes assez vives. On redoutait que ce marché ne fût profondément troublé par les conséquences du vote du fameux bill Mac-Kinley, d’une part, et de la baisse de l’argent fin de l’autre. Cependant la dernière liquidation du 8 courant paraît avoir accompli un sérieux déblayage. A Berlin, la Banque de l’empire, serrée de près, a dû porter à 5 1/2 le taux de son escompte; l’argent ne paraît cependant point faire défaut sérieusement à la place. Le rouble s’y est déjà raffermi et les engagemens de spéculation n’y sont plus excessifs.

Il a été souvent question, dans les derniers mois, à propos de la hausse de nos deux 3 pour 100, des achats de rentes effectués par les caisses publiques, c’est-à-dire par la Caisse des dépôts et consignations, qui reçoit les versemens des caisses d’épargne et est tenue d’en faire emploi, aux termes de la loi de 1886. Le ministre des finances, mis directement en cause relativement à cette intervention de la Caisse des dépôts et consignations à la Bourse, a fait publier dans le Journal officiel le tableau des achats quotidiens ainsi effectués au cours de cette année. Cette publication est fort instructive. Il en ressort que, depuis le 1er janvier jusqu’au 10 octobre, une somme totale de 275 millions de francs, versée par les caisses d’épargne à l’établissement de la rue de Lille, a été consacrée par celui-ci à l’acquisition, jour par jour, de rentes 3 pour 100 perpétuelle ou amortissable pour un capital d’un peu plus d’un million par séance de Bourse. Depuis le mois d’octobre et de novembre de l’année dernière, et surtout depuis la séance du 17 mai 1890 à la chambre des députés, ces achats ont cessé d’être un secret pour le grand public. Une spéculation très hardie a conçu l’idée de s’en servir comme d’un levier puissant pour engager la rente dans un mouvement de hausse qui la porterait aux environs du pair. Cette spéculation a parfaitement réussi.

L’opinion publique a été occupée un moment du projet de création d’un nouveau type de rente 2 1/2 pour 100 qui serait adopté pour le prochain emprunt de 700 millions et servirait plus tard à la conversion du 3 pour 100. L’idée de ce 2 1/2 pour 100 étant aujourd’hui abandonnée, il serait oiseux d’en discuter les mérites ou les inconvéniens.

L’Extérieure a faibli après le détachement de son dernier coupon trimestriel,