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prend 69 francs aux maraîchers de Dijon, elle ne prend que 68 fr. à ceux de Lyon, 66 à ceux d’Avignon, 64 à ceux de Cette, 63 à ceux d’Hyères. En effet, et c’est la conséquence de l’application du principe différentiel que personne de raisonnable ne songe à contester dans l’intérieur d’un réseau déterminé.

Si l’on sort des limites du réseau Paris-Lyon-Méditerranée, l’on trouve dans son tarif de grande vitesse 110, commun avec la compagnie du Midi, une taxe totale de 221 francs de Perpignan à Paris, qui, pour le parcours de Dijon à Paris, correspond à 64 francs, et dans le même tarif commun avec les chemins de fer espagnols, des taxes totales de 290 francs et 356 francs de Tarragone et de Valence sur Paris correspondant à 74 francs pour le parcours pris comme type de Dijon à Paris. Ce n’est pas ici, à coup sûr, que l’on peut parler de faveur faite aux produits étrangers.


Une critique plus fondée, au moins en apparence, nous a été adressée en ce qui touche les légumes d’Italie. — Notre tarif commun de grande vitesse n° 110, § 6, les taxait par tonne de Milan à Paris (924 kilomètres) : à 212 francs sans condition de tonnage; à 165 pour les expéditions par wagon complet de 5,000 kilogr. ; à 140 francs pour celles de 10,000 kilogrammes, alors que notre tarif intérieur n° 10 faisait supporter aux légumes français expédiés sans condition de tonnage : 151 fr. 55 d’Avignon (724 kilomètres); 186 fr. 25 d’Hyères.

On en concluait à la ruine (systématique et voulue, bien entendu, par la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée) de l’agriculture française par l’agriculture italienne. On ne manquait pas d’ajouter que pour mieux accentuer ses tendances antifrançaises, la compagnie avait mis ce tarif en vigueur le 1er juillet 1888 au moment même de la rupture du traité de commerce italien et pour contrebalancer l’effet du relèvement des droits d’entrée en France. La réalité était tout autre : Tant de fiel n’entrait pas dans l’âme des bureaux !

En premier lieu, les prix incriminés du tarif 110 avaient été soumis, dès le 25 janvier 1888, à l’homologation ministérielle; ils n’avaient été faits par la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée que pour retenir sur ses rails, de Modane à Paris, les légumes qui, de Milan, pouvaient y parvenir par la voie du Gothard et Delle, grâce à des prix identiques résultant d’un tarif commun aux compagnies italiennes, suisses et de l’Est français ; en second lieu, l’avantage de prix ainsi fait aux légumes italiens n’avait guère de réalité que sur hi papier, puisqu’il n’existait que pour les expéditions par wagon complet de 5 et de 10 tonnes qui, elles, n’existaient guère ou n’existaient pas.