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Mais, en même temps, la base kilométrique des transports, qui est de 34 centimes par tonne pour les raisins de Fontainebleau, descend à 30 centimes pour ceux de Dijon, à 29 pour Lyon; elle tombe à 28 pour Avignon, à 27 pour Montpellier; les raisins de Perpignan supportent une taxe kilométrique encore moindre : 26 centimes. Au-delà, cette base se maintient uniforme et s’applique jusqu’à Murcie, point extrême de provenance.

Nous ne croyons pas que personne puisse songer à attaquer cette décroissance progressive des bases kilométriques de la taxation. — Et cependant, si on les applique à un parcours déterminé, celui de Dijon à Paris, par exemple, nous voyons que, pour ce même parcours de 315 kilomètres, les raisins de Dijon paient une taxe de 96 francs par tonne, ceux de Lyon une taxe de 92 francs ; elle s’abaisse à 87 francs pour ceux d’Avignon, à 85 francs pour ceux de Montpellier et tombe à 80 francs pour les raisins en provenance de Perpignan, Barcelone, Alicante et Murcie.

On comprendrait, à la rigueur, que Dijon, s’il s’en tenait aux apparences, pût s’étonner et se plaindre de payer 96 francs pour un parcours pour lequel les raisins du Roussillon et d’Espagne ne paient que 80 francs. Il ne le fait pas, et, contre cette conséquence inévitable du principe différentiel dans l’établissement des tarifs de chemins de fer, c’est de la Chambre de commerce de Montpellier et de la Société d’agriculture d’Avignon que viennent les plaintes; de Montpellier et d’Avignon, qui, en raison de leur éloignement de Paris, ne pourraient que très difficilement y écouler leurs produits, si le tarif était uniformément établi sur la base kilométrique initiale de 34 centimes; de Montpellier et d’Avignon, qui doivent précisément aux tarifs différentiels de pouvoir présenter leurs raisins sur le marché de Paris en concurrence avec ceux des régions moins éloignées de la capitale. Cette coïncidence n’est-elle pas faite pour surprendre ?


Pour les légumes frais, les critiques n’ont pas été moins vives; elles sont pourtant encore moins fondées. Ils sont taxés sur le réseau Paris-Lyon-Méditerranée (tarif G. V. n° 10) aux conditions du barème (différentiel) n° 3 qui édicté pour les transports sur Paris des taxes de 69 francs au départ de Dijon ; 106 francs, de Lyon; 151 francs, d’Avignon; 159 francs, de Cette; 186 francs d’Hyères.

Dans le langage courant des revendications soumises à l’opinion publique on dit : la compagnie fait payer plus cher aux légumes de Dijon qu’à ceux d’Hyères! Il faut dire pour être exact : la compagnie, pour le même parcours de 315 kilomètres de Dijon à Paris,