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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/419

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LE GOBI

Dans une étude précédente[1], j’avais essayé d’ébaucher le tableau du plus grand désert connu, celui du Sahara, auquel on peut comparer, sous le rapport de l’étendue, le désert de Gobi, bien que, sous tous les autres rapports, ils diffèrent complètement l’un de l’autre.

D’abord le Sahara, situé à 14 degrés au sud du Gobi, est baigné par la mer, tandis que le Gobi se trouve dans le centre même de l’Asie, entre la Sibérie et le Tibet, entouré de tous côtés par des montagnes qui figurent au nombre des plus élevées du monde. Ensuite, le Sahara a un passé historique qui remonte à une antiquité reculée, car sa région septentrionale, — la Mauritanie, — s’étendait bien avant dans l’intérieur du désert, et fut de tout temps animée par de nombreuses cités, parmi lesquelles brillait Carthage. Il en est tout autrement du Gobi, complètement ignoré des géographes anciens, dont les connaissances, dans cette partie de l’Asie, ne s’étendaient guère au-delà de l’Afghanistan, embrassant la Sogdiane (Samarcande) et la Bactriane (Balk). Plus à l’est, ils plaçaient l’énigmatique chaîne montagneuse de l’Imaus et les Massagèles, non moins énigmatiques.

L’Europe n’apprit l’existence du Gobi qu’au XIIIe siècle, à l’époque où cette région de l’Asie centrale vomit les innombrables hordes de Mongols que le terrible Djinghiz-khan conduisait à la conquête, ou plutôt au pillage de l’Asie.

  1. Voyez la Revue du 1er janvier 1889.