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Le premier Européen qui traversa, au XVIIe siècle (1688-1698), cette mystérieuse contrée, fut le père Gerbillon. Cependant l’intrépide missionnaire n’eut que peu de successeurs, parmi lesquels on compte quelques savans russes et anglais, qui se bornèrent presque toujours à la voie postale que suivent les Russes pour se rendre de Kiakhta à Pékin, voie dont j’ai parcouru une partie. Aussi le peu que nous connaissons encore de cette immense contrée est dû au célèbre voyageur, le général Prjevalsky, qu’une mort prématurée et à jamais regrettable vient de ravir à la science.


I

Le Gobi des Mongols, ou Chamo (océan de sable) des Chinois, mesure du nord au sud (des frontières de la Sibérie jusqu’à celles du Tibet) environ 850 kilomètres, et 3,500 kilomètres de l’ouest à l’est (du plateau de Pamir jusqu’à la chaîne de Khin-gan). Placée entre 40 et 50 degrés de latitude nord, conséquemment presque sous la même latitude que la région comprise entre la Méditerranée et l’Allemagne, cette surface, à climat plus ou moins rigoureux, représente plus de 2 millions de kilomètres carrés (ce qui équivaut à un cinquième de l’Europe) et constitue un énorme plateau élevé, que des chaînes de montagnes séparent nettement des contrées limitrophes. Ces frontières naturelles sont, au nord : l’Altaï et les monts Yablonovoï ; à l’est, la chaîne méridionale de Khin-gan ; au sud, la chaîne de Kouen-luen ; enliu, à l’ouest, le plateau de Pamir et le Thian-chan occidental.

Parmi les chaînes montagneuses limites, il n’y a que le Thian-chan, mais surtout l’Altaï, qui pénètrent bien avant dans l’intérieur du Gobi, en y formant le massif isolé d’Alaschan ; les autres groupes montagneux, disséminés çà et là au milieu du désert, n’ont que des proportions comparativement peu considérables et se présentent, le plus souvent, sous la forme de hauteurs à pentes douces, rarement rocailleuses.

On ne connaît pas encore d’une manière précise l’altitude absolue du Gobi. Ses parties les plus déprimées se trouvent dans le bassin du Tarim, dans la Dzungarie et sur la voie qui conduit de Kiakhta à Kalgan. Pour le reste du désert, l’altitude oscille entre 1,100 mètres et 1, 600 mètres ; ce n’est que rarement qu’elle s’élève à 1,700 et même à 1,800 mètres. Le docteur Fritsche évalue l’altitude moyenne du Gobi, sur la ligne entre Ourga et Kalgan, à 1,200 mètres.

Dans les parties les plus basses comme dans les plus élevées du