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NUIT EN MER.


Vois-tu comme la mer est vaste autour de nous ?
Notre barque est une algue errant au creux des lames ;
Le vent nocturne et froid qui court sur les remous
Mêle au frisson des flots le frisson de nos âmes.

Pareils aux alcyons qui flottent dans leurs nids,
Nous berçons notre exil sur le désert de l’onde,
Et la nuit nous écrase entre deux infinis,
Mais nos cœurs sont plus grands que la mer n’est profonde.

L’azur illimité se déroule, sans voir
La frêle nef qui glisse en balançant ses voiles ;
Mais les mondes d’amour que porte ce point noir
Versent plus de rayons que les cieux n’ont d’étoiles.

Oh ! rends-moi ta caresse, et dis si tu comprends,
Quand ta lèvre m’appelle et quand ton bras m’enlace,
Que nos cœurs étoiles puissent être si grands,
Et que tant de bonheur tienne si peu de place !


LE TEMPLE.


I


Nef de l’ombre, coupole et piliers de ténèbres,
La nuit sainte arrondit sa voûte aux arceaux lourds,
Et le mystère noir qui pend en plis funèbres
Drape sur l’horizon ses rideaux de velours.