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Douane à 405 et l’y maintient. La Banque ottomane est tout à fait abandonnée à 535. Les représentans du groupe de cette banque ont été récemment exclus, lors du renouvellement du conseil d’administration de la Régie des tabacs ottomans par l’assemblée générale, de toute participation ultérieure à la direction des destinées de cette entreprise. Ces représentans étaient Français ; l’un d’eux, M. Berger, appartient à la Banque ottomane et au Comptoir national d’Escompte. Il s’est engagé dans l’Europe centrale et orientale toute une campagne très vigoureuse de la banque allemande pour l’exclusion progressive de l’élément français de la direction des grandes entreprises fondées par les capitaux français. Le programme a déjà été réalisé avec les Chemins serbes et les Tabacs ottomans ; il se poursuivra avec la Banque ottomane et se poursuit en ce moment même avec les Chemins autrichiens. Cette Compagnie, où l’élément français est encore dominant, se voit attaquée avec violence en Autriche et en Hongrie, non-seulement par la presse, mais par les pouvoirs publics. Le ministère hongrois entend soumettre à une inspection minutieuse tous les livres, comptes, bilans et inventaires, dans l’espérance sans doute d’y trouver quelque irrégularité permettant de traiter la Compagnie avec les procédés les plus sommaires et de l’exproprier au plus bas prix possible. Ces difficultés nouvelles, jointes à celles que la Compagnie trouvait déjà dans le développement même de son réseau et dans des réductions inévitables de trafic, ont provoqué une baisse de 40 francs, de 502.50 à 462.50. Les Lombards ont fléchi de leur côté de 311.25 à 306.25.

Les fonds brésiliens sont de nouveau en baisse : le 4 1/2, de 87.50 à 84.50 ; le 4 pour 100, de 77.50 à 75.25. La Banque nationale du Brésil a baissé de 40 francs de 615 à 575. Le ministre des finances de la république, M. Ruy-Barbosa, a publié, à la fin de décembre, un rapport sur la situation financière léguée par le gouvernement de dom Pedro II. Ce document est un réquisitoire plus qu’un rapport financier : il prend à partie le régime impérial avec une violence de langage extrême, l’accusant d’avoir mené le pays à deux doigts de la ruine et de la banqueroute. C’est puéril. Ce qui l’est moins, c’est l’annonce des moyens à employer pour relever les finances du coup porté par la révolution. Le rapport se contentait de généralités sur ce point. Mais des dépêches ont annoncé récemment la création de trois grandes banques d’émission. L’une d’elles, la Banque des États-Unis du Brésil, a été constituée immédiatement, et son capital, au chiffre fantastique de cinq cent cinquante millions de francs, aurait été souscrit en quatre heures. C’est le règne du papier-monnaie qui commence au Brésil.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.