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ETUDES DIPLOMATIQUES

FIN DU MINISTERE DU MARQUIS D'ARGENSON

IV.[1]
AMBASSADE DU MARÉCHAL DE NOAILLES EN ESPAGNE. — NEUTRALITÉ DE L’EMPIRE.


I

La Flandre (disait tristement d’Argenson au ministre de Prusse, peu de jours après avoir reçu la nouvelle du désastre d’Asti) devra payer les dettes de l’Italie. Rien n’était plus vrai. Non seulement, en effet, ce douloureux incident nous enlevait le prestige de la victoire encore intact la veille, mais, pour avoir entraîné avec nous nos alliés espagnols d’ans le piège ridicule où nous étions tombés nous-mêmes, nous nous trouvions exposés à un grave danger : c’était d’être délaissés par eux à notre tour, et de rester aussi isolés sur terre que sur mer et au-delà des Alpes qu’au-delà du Rhin. A tout prix et au plus tôt il fallait, je l’ai dit, calmer l’irritation de la cour de Madrid. Or il n’existait qu’un moyen d’empêcher Elisabeth de se jeter dans les bras ou même aux pieds de l’Angleterre et de l’Autriche, c’était de lui donner quelque gage éclatant contre le retour de pareilles surprises et de nouveaux

  1. Voyez la Revue du 15 novembre et du 15 décembre 1889 et du 1er janvier 1890.