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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/857

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portent un diadème aplati sur les tempes, et revêtu d’une riche polychromie. Pour ne citer qu’un exemple, une tête découverte dès l’année 1883[1] est coiffée d’une stéphané sur laquelle sont peintes des palmettes et des fleurs de lotus alternées, autrefois d’un bleu vif, aujourd’hui décolorées et tournées au vert. La parure est complétée par de larges pendans d’oreilles en forme de disque. La chevelure s’étage sur le front, tantôt disposée en boucles artistement frisées, tantôt aplatie en bandeaux ondulés au fer ; mais toujours de longues boucles se détachent derrière les oreilles pour s’étaler sur le sein ; elles sont détaillées avec un soin minutieux, soit que l’artiste les ait figurées comme de minces spirales d’apparence métallique, soit qu’il leur ait donné la forme de longues papillotes, qu’on peut comparer à de minces bandes d’étoffe repliées sur elles-mêmes, puis étirées après coup. Cette technique de pure convention est également appliquée à la large nappe de cheveux qui recouvre la nuque et les épaules ; c’est un procédé commode et expéditif pour rendre tant bien que mal l’aspect d’une chevelure frisée avec une savante coquetterie[2].

Le costume est celui des Athéniennes du vie siècle siècle. Il se compose de trois pièces. C’est d’abord le vêtement de dessous, une longue robe tombant jusqu’aux pieds, et qui colle sur le corps, toute la masse des plis étant rejetée à gauche par le geste auquel nous avons fait allusion. Sur la robe est passée une sorte de chemisette, qui descend jusqu’à la ceinture ; elle est faite d’une étoffe de laine très fine, et striée de lignes ondulées comme certains tissus d’Orient ; une bande mate entoure comme un galon l’ouverture de ce vêtement qui complétait le costume d’intérieur. Enfin la troisième pièce, celle qui donne aux statues leur physionomie solennelle, est le manteau de fête, le peplos ionien, dont le bord replié passe sous le bras gauche, traverse obliquement la poitrine comme un baudrier, et forme sur le côté droit des plis réguliers et verticaux, étagés avec l’art le plus savant. L’agencement de ce costume admet bien des variantes. Le peplos peut se porter en écharpe ; une des statues ainsi accoutrée nous prouve que la mode avait déjà ses caprices et ses fantaisies.

En matière de costume antique, nous subissons encore bien des préjugés. Nous avons de la peine à nous figurer que les Grecs étaient des coloristes, et que leur goût ne répugnait nullement aux couleurs éclatantes et vives. L’étude des terres cuites où le costume des femmes comporte si souvent des teintes claires et gaies a

  1. Voir Ephéméris archéologique d’Athènes, 1883, pl. 6.
  2. Rappelons que ce type, originaire des îles, était déjà connu par une série de statues provenant des fouilles de M. Homolle à Délos.