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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/959

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Allemands rentreront à la diète de Prague qu’ils ont quittée depuis longtemps. Ils ont eu ces jours derniers à Teplitz une grande réunion où ils ont souscrit à la transaction et où ils ont voté des adresses à l’empereur, au comte Taaffe. Au fond, le vrai vainqueur en tout ceci, c’est le comte Taalïe, qui a réussi d’un seul coup à se raffermir en se créant une situation parlementaire plus aisée, en désarmant quelques-uns de ses adversaires. Quant au traité de paix lui-même, quant à ce compromis qui est l’événement du jour à Vienne et en Bohême, que deviendra-t-il ? Tout dépendra de l’exécution : il est assez obscur, assez compliqué, pour permettre toutes les interprétations et par suite pour préparer de nouveaux conflits entre ceux-là mêmes qui l’ont signé. Il est bien clair qu’il y a des arrière-pensées, que, si les vieux Tchèques se sont crus intéressés à traiter, les Allemands ne se sont prêtés à la transaction qu’avec l’espoir d’en profiter pour reprendre position, pour ressaisir l’influence dans les affaires de l’empire. Il y a, d’un autre côté, un parti qui est resté étranger à ces négociations : c’est le parti des jeunes Tchèques, contre qui le compromis est peut-être surtout dirigé. Les jeunes Tchèques n’ont rien accepté jusqu’ici, ils gardent leur liberté. Ils ont l’ardeur, la popularité, la faveur croissante de l’opinion en Bohême, et ils peuvent troubler bien des calculs. C’est l’affaire de l’avenir ; l’essentiel, pour le moment, est qu’on a le traité de paix, et on se flatte que la grande exposition qui se prépare à Prague, consolidera l’œuvre des politiques devienne.

C’est d’hier, à peine, que le parlement d’Angleterre est rouvert, et quoique rien ne soit changé, en apparence, dans l’ensemble des affaires britanniques, cette session nouvelle n’est point, selon le mot de M. Gladstone, sans offrir « quelques caractères particuliers. » Tout s’est passé, il est vrai, selon l’habitude. A la veille de la session, les chefs de partis, ministres et leaders de l’opposition, ont réuni leurs amis pour organiser leur campagne. Le parlement a été inauguré par le discours traditionnel de la reine. Tout dépend maintenant des discussions qui vont s’ouvrir et des conditions dans lesquelles elles s’engagent : C’est ici, peut-être, qu’apparaissent ces « caractères particuliers » dont a parlé M. Gladstone. Tout n’est pas favorable pour le ministère. Le fait est que le chef du cabinet, lord Salisbury, retenu par une longue indisposition, a vécu depuis deux mois presque en solitaire dans sa résidence d’Hatfield, conduisant les affaires de loin. Il n’est arrivé à Londres que pour la session, et on dit déjà qu’il pourrait être obligé de faire un voyage de santé sur le continent. D’un autre côté, le chef des libéraux unionistes, alliés du ministère, lord Hartington, a été atteint plus gravement encore, assez gravement pour ne pouvoir se mêler pour le moment aux débats parlementaires, et il a dû partir pour l’Egypte, laissant la direction de son parti à sir Henry James. Ce ne sont pas les meilleures conditions pour soutenir une lutte qui