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paraît devoir être vive, que M. Gladstone, avec son éternelle jeunesse d’éloquence, est disposé à engager, aidé de ses lieutenans, sir William Harcourt et M. John Morley. Ce n’est pas que le discours lu au parlement au nom de la reine soit fait pour passionner les esprits. Il est par lui-même assez insignifiant. Le discours de la reine n’est que le programme ou le prétexte des discussions qui vont s’ouvrir, où le ministère sera mis en cause et pour sa politique à l’égard de l’Irlande et peut-être pour sa politique extérieure à l’occasion de ses procédés brutalement sommaires envers le Portugal. Le ministère de lord Salisbury a sans doute encore une majorité assez forte pour le préserver d’un échec immédiat dans le parlement ; sa politique n’a pas eu cependant assez de succès pour que l’opposition libérale désespère de reconquérir l’opinion d’ici aux élections, et c’est là justement l’intérêt de cette session nouvelle pendant laquelle vont être agités encore une fois tous les problèmes qui touchent à la sécurité et à la grandeur de l’empire britannique.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Pendant tout le mois de janvier les tendances de notre marché financier à une amélioration de cours sur les fonds français avaient été entravées par les trois motifs suivans : la cherté persistante de l’argent à Londres et à Berlin, la crainte d’une crise ministérielle, et l’intention attribuée au ministre des finances, M. Rouvier, de mettre fin à une situation budgétaire anormale et de plus en plus inquiétante par un grand emprunt de liquidation.

Le premier motif a perdu de sa force, s’il n’a encore entièrement disparu. La Banque d’Angleterre a maintenu et maintient encore à 6 pour 100 le taux de son escompte. Mais sa situation s’est fort améliorée. Les derniers bilans accusent des augmentations considérables de l’encaisse métallique et de la réserve. C’est par prudence que les directeurs de l’établissement anglais n’ont pas encore décrété le retour au taux de 5 pour 100. Ils ne pourront longtemps le différer. La Banque austro-hongroise, à Vienne, vient d’accuser officiellement la détente des conditions monétaires générales en abaissant le taux de son escompte de 4 1/2 à 4 pour 100.