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monde s’empara de Ctésiphon, la capitale des Parthes. « Il pénétra ensuite, dit Sextus Rufus, jusqu’aux frontières de l’Inde et réduisit en provinces romaines l’Arménie, l’Assyrie, la Mésopotamie. »

Les succès de Trajan eurent deux causes : l’affaiblissement des Parthes tourmentés par des rivalités domestiques, et une judicieuse préparation à la guerre. Le fils adoptif de Nerva, empereur depuis l’année 98 de notre ère, vainqueur des Daces, des Arabes et des Arméniens, se mit en marche pour aller attaquer Ctésiphon, le grand objectif de toute expédition romaine, aux premiers jours du printemps de l’année 107, c’est-à-dire dans la neuvième année de son règne. Pour passer d’un bord du Tigre à l’autre, pour porter ses approvisionnemens, il lui fallait une flottille. Il la fit construire avec des bois apportés, à dos de chameau ou à dos d’homme, de Nisibe. Si l’on en peut croire Dion Cassius, il fit bien autre chose. Sa flottille voyagea deux fois par terre : du Tigre à l’Euphrate d’abord, puis de l’Euphrate au Tigre, pour le conduire enfin sous les murs de Ctésiphon. Ce fut alors que Trajan descendit jusqu’aux bords du Golfe-Persique. Revenu à Ctésiphon, il comprit aisément que sa conquête serait éphémère. Il plaça la couronne sur la tête d’un des princes qui se disputaient le pouvoir et qu’il savait tout prêt à le recevoir des mains de l’étranger, puis il songea un instant à traverser l’Arabie pour regagner la mer. Mais il fut moins heureux contre les Sarrasins que contre les Parthes. Le manque d’eau et de vivres, les chaleurs excessives, l’obligèrent à rebrousser chemin. Il prit alors la route de la Cilicie et alla mourir à Sélinonte.

Adrien revint à la politique d’Auguste : il se concentra. L’Arménie, la Mésopotamie, l’Assyrie, furent de nouveau abandonnées. L’Euphrate devait à l’avenir servir de limite entre les Romains et les Parthes. Les occupations restreintes sont un rêve. Le gendre de Marc-Aurèle, Verus, associé à l’empire, se voit contraint de retourner sous les murs de Ctésiphon, que les Romains s’obstinent encore à nommer, du nom de son premier fondateur, Séleucie. Sep-time-Sévère dut vaincre aussi les Parthes, et peu s’en faut que l’Arabie, cette fois, ne soit tout de bon convertie en province romaine. Caracalla, le fils de Septime, fait à son tour irruption dans la Mésopotamie. Il y porte le fer et le feu avant de se replier sur Édesse. Là se terminèrent ses triomphes et s’évanouirent ses grands projets. Il est assassiné en l’an 217 de notre ère.

Un autre Sévère, Alexandre, eut affaire en 233 à des Parthes régénérés par la révolution qui rendit le pouvoir aux Perses et plaça sur le trône la dynastie sassanide. Le fondateur de cette dynastie envahit brusquement le territoire romain à la tête d’une armée.