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2,672,697,693 marcs à la fin de l’année de 1888, pour l’ensemble des états confédérés de l’empire allemand. Le premier milliard de placemens pour l’assurance doit être atteint au bout de dix-sept ans, avec un effectif de 11,018,000 personnes assurées payant ensemble 80,216,000 marcs de cotisations annuelles. Quant au montant des rentes à payer aux invalides pensionnés, les auteurs du mémoire sur les charges de l’assurance, joint au projet de loi distribué au Reichstag, le portent à 7 millions pour la première année, avec un montant annuel de 238 millions dans quatre-vingts ans, quand l’institution fonctionnera en plein. Alors le nombre des invalides pensionnés s’élèverait, d’après les mêmes évaluations officielles, à 1,251,000 environ, à raison de 113 invalides sur 1,000 assurés en activité.

Toutes ces évaluations, il faut le dire, reposent sur des calculs approximatifs et des données hypothétiques. Suivant toute probabilité, le taux des salaires individuels ira en augmentant, de même que la population continuera à s’accroître, tandis que le pouvoir de l’argent ira diminuant. Qui peut affirmer aussi que la proportion de 113 invalides à pensionner sur 100 assurés en activité ne sera pas dépassée lorsque la loi produira tout son effet ? Ne faut-il pas présumer au contraire que beaucoup d’assurés céderont à la tentation de se faire déclarer invalides prématurément, parce que, dans le cas d’invalidité à soixante-cinq ans, ils auront droit à une rente de moitié supérieure au montant de la pension de vieillesse à soixante-dix ans ? Si la proportion des invalides dépasse les prévisions, une élévation des charges devient inévitable, surtout si les capitaux placés donnent un rendement inférieur par suite de la baisse du taux de l’intérêt. Au siècle dernier, les caisses de retraite en Allemagne adoptaient la base de 3 pour 100 seulement pour l’intérêt des capitaux placés dans la fixation des pensions. L’organisation de l’institution nouvelle admet un revenu de 3, 5 pour ces placemens à venir. Baser sur ce taux les obligations de l’assurance contre l’invalidité, en présence de l’accroissement des capitaux disponibles, sous l’effet de l’épargne, c’est exposer à de grands risques le service régulier des pensions. Aujourd’hui, les déposans aux caisses d’épargne allemandes obtiennent à peine 3 pour 100 d’intérêt sur leurs dépôts. En Alsace-Lorraine, les titres de rente sur l’état à 3 pour 100 sont cotés dès maintenant 98 et ne tarderont pas à arriver au pair, dépassé déjà par les Consolidés anglais. En Angleterre, le taux de l’intérêt est descendu à 3 pour 100 sous le règne de George II, pour les placemens sûrs, contre 2 pour 100 en Hollande, du temps de Louis XIV. Sous les guerres du premier empire, selon Stuart Mill, sans l’émigration des capitaux européens en Amérique, sans l’expansion du commerce international à la suite