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millions de dollars (1 milliard de francs) d’espèces métalliques, dont les deux tiers d’argent. L’abondance relative de l’or ressortirait de sa relation de valeur beaucoup plus faible avec l’argent dans l’archipel asiatique qu’en Europe. Dans les années que nous venons d’indiquer, un poids d’or s’échangeait, au Japon, contre six poids d’argent, tandis qu’en Europe il s’échangeait contre douze poids d’argent, et aujourd’hui contre vingt.

Le temps présent n’offre pas au Japon cette productivité des mines de métaux précieux. Soit qu’elles aient été épuisées par une exploitation hâtive, soit que l’art de l’ingénieur au Japon soit encore insuffisant et que la fermeture du pays aux étrangers laisse beaucoup de richesses de ce genre ignorées, la production de l’or et de l’argent y est devenue très faible. Elle se relève un peu depuis quelques années, mais elle reste encore insignifiante. En 1885, elle atteignit 9,616 onces d’or, moins de 900,000 francs, et 83,634 onces d’argent, moins d’un demi-million. On ne doit que modérément regretter cet épuisement, soit réel et définitif, soit apparent et passager. L’or et l’argent, surtout le premier, ont particulièrement de l’importance pour les pays neufs, parce qu’ils y attirent la population et les capitaux. Pour les vieux pays, ce sont des industries beaucoup plus secondaires.

Autrement utiles et efficaces, pour l’économie générale d’une contrée, sont les métaux communs, surtout quand ils se rencontrent avec la houille. Toute nation qui possède à la fois celle-ci et le fer peut être assurée d’un grand avenir. On prétend que le Japon a d’importans gisemens de sable de fer magnétiques, dans le nord et le sud-ouest de la principale île, Hondo. Jusqu’ici l’extraction en est minime : 11,766 tonnes en 1884, dont 4,775 dans une mine appartenant au gouvernement, située sur la mer intérieure que forment avec la grande île les deux îles méridionales. Le cuivre serait très abondant dans l’archipel ; plus de cinq cents mines de ce métal y seraient en exploitation, dont quatre, à elles seules, auraient fourni plus de la moitié du produit total qui, pour 1885, fut de 10,457 tonnes.

La grande richesse, celle qui vaut beaucoup mieux que le cuivre, que le fer, que le plomb, que l’argent, que l’or, celle qui marque définitivement les nations pour la prédominance industrielle, c’est le charbon : M. Yeijiro Ono affirme qu’il abonde dans toute la contrée. S’il en était ainsi et qu’il fût d’assez bonne qualité, le Japon pourrait devenir une nouvelle Angleterre. Dans l’île septentrionale de Yéso, on a exploré quatre gisemens principaux, dont l’un occupe plus de 2,400 milles carrés, environ, 5,000 kilomètres carrés, et présente des couches exploitables de 10 pieds d’épaisseur. Dans la principale île,