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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les valeurs de notre marché sont restées à peu près immobiles pendant la seconde moitié du mois de mars, et toute l’attention s’est portée sur les péripéties auxquelles ont donné lieu, sur les places de Vienne, de Londres et de Berlin, des embarras de spéculation excessive, accrus par l’émotion que ne pouvait manquer de produire un événement comme la retraite du prince de Bismarck.

L’annonce de la démission a surpris le monde politique et financier ; on ne croyait pas si prochaine la rupture, reconnue d’ailleurs inévitable, entre l’empereur Guillaume II et l’illustre conseiller de son grand-père. La première impression a été, en Autriche et en Italie, une très vive appréhension pour le sort de la triple alliance, et par conséquent pour les chances du maintien de la paix. Il semblait que la confiance dans le lendemain dût être diminuée. Des protestations ont été publiées en vue de rassurer l’opinion ; mais les cours devaient garder forcément la trace du sentiment qui s’était si rapidement propagé. Les fonds internationaux ont baissé assez fortement, et il ne nous parait pas que ce mouvement ait épuisé encore toute sa force.

Les fonds russes, malgré le succès si éclatant obtenu par le dernier emprunt, ont reculé de 30 à 40 centimes. Le 4 0/0 1880 était arrivé à 95 francs, il reste à 94.60 ; les obligations consolidées des chemins de fer valent 94.30, le dernier emprunt 94 fr.

L’Italien était, deux jours avant l’annonce de la démission, à 92.57. Des ventes précipitées l’ont fait tomber à 91.80. Il s’est relevé depuis à 92.40 et finit à 92.20.

Le Hongrois a été le fonds le plus atteint. De 87 1/2, il a rétrogradé à 86 1/4, et on l’a même vu à 85 7/8. L’Autriche-Hongrie est engagée par la politique qu’elle a adoptée à l’égard de la Bulgarie. Elle redoute quelque éclat du petit royaume serbe, inféodé de nouveau à la politique de l’empire russe. La retraite de M. Tisza avait déjà ébranlé le marché de la rente hongroise. Celle de M. de Bismarck est venue ajouter une nouvelle cause de faiblesse.

L’Extérieure a fléchi de 73 1/2 à 73 1/4 ; le Turc, de 18.30 à 18.05 ; l’obligation argentine 5 pour 100, de 450 à 435. Tous les fonds d’État ont donc abandonné du terrain, sauf le Portugais, à 63 3/8, l’Unifiée à 478 et les Brésiliens, 4 1/2 et 4 pour 100 à 87 et 78.