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Les plus mauvaises nouvelles continuent à circuler sur la situation des affaires dans la république Argentine. Loin de s’abaisser, l’agio de l’or est constamment en hausse. Il commence à atteindre le niveau où le papier-monnaie ressemble plutôt à l’assignat qu’au billet de banque. Jamais la dépréciation n’a été aussi forte dans l’Amérique du Nord, même en pleine guerre civile, au plus beau temps de la spéculation sur l’or.

Il est fâcheux que des capitaux si importans aient été engagés par l’épargne française dans des placemens qui paraissaient à la fois avantageux et relativement sûrs. La sécurité est en voie de disparaître, et il est à craindre que, pour la plupart, les avantages de rémunération ne suivent à leur tour. Les Argentins, dit-on, ont voulu trop embrasser, c’est un moment de crise ; avec de la patience tout s’arrangera. Tout s’arrangerait, en effet, si l’assurance pouvait être donnée en Europe que les choses n’ont périclité là-bas que par exubérance et non aussi par désordre et incurie.

Trois importantes opérations financières ont été lancées dans cette quinzaine, deux emprunts et une conversion.

Le royaume de Serbie a mis en souscription publique, en France, par l’intermédiaire du Crédit lyonnais et de la maison Hoskier, un emprunt de 26,666,500 francs capital nominal, divisé en 53,333 obligations de 500 francs en or, dont le produit est destiné à payer l’indemnité due à la compagnie d’exploitation des chemins de fer serbes, et à rembourser une dette flottante. La souscription a suffisamment réussi pour que les demandes aient dû subir une réduction.

L’opération était à peine close que la maison Rothschild publiait les conditions d’échange des titres de l’emprunt russe 5 pour 100 de 1862 contre ceux d’un nouvel emprunt 4 pour 100 or. Le 5 pour 100 1862 devait disparaître comme l’ont fait tous les autres emprunts 5 pour 100. Ce qui caractérise particulièrement la conversion actuelle qui devra être close le 3 avril, c’est que non-seulement elle ne donne pas lieu à une souscription en espèces, mais constitue encore un véritable amortissement exceptionnel de près de 100 millions de francs. Contre chaque obligation ancienne de 1,260 francs 5 pour 100, il est remis, en effet, deux obligations nouvelles de 500 francs 4 pour 100 et une soulte en espèces de 331 francs. La Russie diminue donc sa dette à la fois en intérêt et en capital. Celles des anciennes obligations 5 pour 100 qui n’auront pas été présentées à l’échange seront remboursées à partir du 1er juillet prochain.

La seconde émission de la quinzaine est celle de la ville de Paris. Il s’agit de la dernière portion de l’emprunt de 250 millions autorisé par la loi du 13 juillet 1886. Le public a été invité à souscrire, à Paris, dans la journée du 29 mars, à 239,637 obligations remboursables à