n’est pas sous sa tutelle, obligée de soumettre ses comptes au préfet ; il ne lui délègue point de pouvoirs et ne lui confère aucun droit de police ou de justice : bref, elle n’est ni sa pupille, ni son agent. — Tel est le lien par lequel la proximité permanente associe les hommes ; on voit qu’il est d’espèce singulière : ni en fait, ni en droit, les associés ne peuvent s’en affranchir ; par cela seul qu’ils sont voisins, ils sont en communauté pour certaines choses indivisibles ou indivises, en communauté involontaire et obligatoire. En revanche, et par cela même, je veux dire par institution et par nature, leur communauté est limitée, et limitée de deux façons, bornée à son objet et bornée à ses membres, réduite aux choses dont la propriété ou la jouissance est forcément commune, réservée aux habitans qui, par situation et résidence fixe, ont cette jouissance ou cette propriété.
De cette espèce sont toutes les sociétés locales, chacune d’elles circonscrite dans son territoire et comprise avec d’autres pareilles dans une circonscription plus vaste, chacune d’elles ayant deux budgets, selon qu’elle est un corps distinct ou un membre d’un corps plus grand, chacune d’elles, depuis la commune jusqu’au département ou jusqu’à la province, instituée par des intérêts involontairement solidaires. — Il y a deux de ces intérêts principaux qui, comme dans la maison d’Annecy, échappent à l’arbitraire humain, commandent l’action commune et répartissent la dépense totale, parce que, comme dans la maison d’Annecy, ils sont les suites inévitables de la proximité physique. — C’est d’abord le soin de la voie publique, par terre et par eau, rivières navigables, canaux, chemins de halage, ponts, rues, places, routes de moyenne ou petite communication, avec les perfectionnemens plus ou moins facultatifs et graduels que la voie publique commande ou demande, alignemens, trottoirs, pavage, balayage, éclairage, écoulement des eaux, égouts, dragages, écluses, aplanissemens, percemens et autres travaux d’art, pour établir ou accroître la sûreté et la commodité de la circulation, la facilité et la célérité des transports. — C’est ensuite la défense contre les fléaux qui se propagent, incendies, inondations, contagions, épidémies, avec les précautions plus ou moins facultatives et lointaines que cette défense exige ou conseille, veilleurs de nuit en Russie, digues en Hollande, levées de terre dans la vallée de la Loire ou du Pô, emplacemens et règlemens pour les sépultures, propreté des rues, assainissement des quartiers privés de soleil et d’air, drainage des eaux sales, captage