Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 99.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le for intime, le directeur responsable des actes et des sentimens orthodoxes ou hérétiques qui peuvent être imputés à blâme ou à louange aux fonctionnaires de l’innombrable armée par laquelle l’Etat central entreprend aujourd’hui la conquête totale de la vie humaine, aux vingt régimens distincts de son immense hiérarchie : au personnel du clergé, de la magistrature, de la police préventive et répressive, de l’instruction publique, de l’assistance publique, des contributions directes, des contributions indirectes, de l’enregistrement et des douanes ; au personnel des ponts et chaussées, des forêts domaniales, des haras, des postes et télégraphes, du tabac et des autres monopoles publics ; au personnel de toutes les entreprises qui devraient être privées, Sèvres et Gobelins, institut des sourds-muets et des jeunes aveugles, mais que l’Etat prend et dirige à son compte ; au personnel de toutes les fabriques auxiliaires et spéciales, engins de guerre et de navigation, que l’État défraie et régit. J’en passe, il y en a trop. Remarquez seulement que l’indulgence ou la sévérité de la préfecture en fait de contraventions et d’irrégularités fiscales est un avantage ou un danger de premier ordre pour 377,000 débitans de boissons, qu’une dénonciation admise par la préfecture peut ôter le pain de la bouche à 38,000 desservans et vicaires[1], à 43,000 employés et facteurs des postes et télégraphes, à 45,000 débitans de tabac et receveurs buralistes, à 75,000 cantonniers, à 120,000 instituteurs et

  1. Ibid., ibid., p. 105 : « Chaque chef-lieu de canton a son office de délateurs, et M. le ministre des cultes nous a lui-même appris que, au 1er janvier 1890, il y avait 300 curés, privés de leur traitement, soit trois ou quatre fois plus qu’au 1er janvier 1689. »