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pas une petite affaire. Un des chefs de l’opposition libérale dissidente, qui ne manque ni d’activité ni de talent, le général Lopez Dominguez, s’est donné depuis quelque temps la mission épineuse de remettre un peu d’ordre dans cette situation obscure, de tenter un rapprochement de tous les libéraux avec M. Sagasta ou sans lui. Il a entrepris ce qu’on a appelé un peu ironiquement un voyage d’exploration auprès de tous les chefs de partis. Il a visité successivement le général Martinez Campos, le général Jovellar, M. Alonso Martinez, M. Gamazo, M. Montero Rios, M. Castelar. Il a négocié avec les uns et les autres, il a consulté M. Martos. Il ne paraît pas avoir réussi. De sorte que la difficulté reste entière ; on en revient toujours à l’inévitable question : Qui dirigera les affaires d’Espagne au moment de l’application nouvelle du suffrage universel ? Sera-ce M. Sagasta, avec son autorité contestée et diminuée ? Sera-ce un ministère intermédiaire avec M. Alonso Martinez et quelques généraux ? Ce rôle reviendra-t-il aux conservateurs, dont le chef, M. Canovas del Castillo, montre dans cette longue crise autant de circonspection que d’habileté ?

M. Sagasta, avec sa dextérité et son humeur de temporisation, est homme à tout ajourner à l’automne, après les voyages à Saint-Sébastien et les villégiatures de l’été ; mais ce n’est pas une solution et la question est d’autant plus grave pour l’Espagne, pour la monarchie elle-même, que l’application prochaine du suffrage universel se lie à ce réveil récent d’une agitation socialiste et républicaine, qui peut être momentanément apaisée et n’est pas moins sensible au-delà des Pyrénées. Les jours d’épreuve ne sont peut-être pas finis pour la régence espagnole !

Ch. de Mazade.




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La hausse de la rente française a été menée, depuis les derniers jours de mai, avec une furia que la légitimité d’un nouveau changement dans le taux de capitalisation ne saurait seule expliquer. Il y faut reconnaître l’intervention d’un autre facteur dont l’action tem-