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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 103.djvu/713

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier.

C’est, avec le froid hiver qui commence à s’attiédir et l’année nouvelle, la saison des parlemens. Ils sont réunis depuis quelques jours, presque partout, à Londres comme à Berlin, à Rome comme à Paris, et partout, ils ont la pesante charge des affaires sérieuses qu’ils n’ont pas toujours recherchées, que les circonstances leur imposent. Ils ont à résoudre, s’ils le peuvent, une multitude de questions qui varient avec les pays : l’éternelle question irlandaise en Angleterre, la question des réformes sociales et administratives en Allemagne, les questions financières et économiques en Italie, la question de la réconciliation des races en Autriche, la question du suffrage universel en Belgique. On va les voir à l’œuvre, le spectacle de l’Europe en travail a toujours son intérêt. Ce n’est pas, dans tous les cas, le parlement français qui, entre tous les parlemens européens, a le moins à faire. Il a devant lui tout un régime commercial a réédifier, le renouvellement du privilège de la Banque de France, le budget, des lois d’économie sociale, — sans parler des interpellations qui ont déjà commencé, sans compter l’imprévu qui peut tout compliquer. Il aurait d’abord surtout à se fixer, à se faire ou à accepter une direction, à savoir s’il veut continuer à être un parlement de parti ou d’agitation stérile ou être le vrai parlement du pays, — et ce n’est pas, à ce qu’il parait, ce qu’il y a de plus facile !

Oui, vraiment : ce parlement, qui vient de se réunir encore une fois, sera-t-il un parlement sérieux, zélé pour le bien du pays, vigilant pour les intérêts publics, jaloux de remettre la paix dans les esprits, l’ordre dans les affaires ? Sera-t-il un parlement radical, brouillon, usurpateur, incohérent et impuissant ? Y aura-t-il enfin un gouvernement sensé et libéral, sachant avoir, quand il le faut, une opinion et une volonté dans la confusion, dans la mobilité universelles ? A parler franchement, cette nouvelle session française qui commence n’est point sans donner des doutes. Elle est à peine ouverte que déjà elle a ses