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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 103.djvu/961

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anglo-portugais pèse sur un petit pays qui a de la fierté, tant qu’il peut servir de prétexte aux agitateurs. Que peut faire le gouvernement dans ces conditions ? Il est obligé d’abord de réprimer des séditions qui, si elles réussissaient, ne feraient certainement qu’aggraver la situation et préparer au Portugal des humiliations plus cruelles. D’un autre côté, il est réduit à poursuivre une négociation inégale et ingrate avec l’Angleterre. Il a obtenu la prolongation d’une sorte de trêve consentie à Londres pour arriver à quelque transaction. Malheureusement, dans l’intervalle sont survenus de nouveaux incidens qui ont tout compliqué, des conflits plus irritans entre la compagnie anglaise du sud africain et la compagnie portugaise de Mozambique, au sujet de territoires disputés sur le Zambèze, et la question de délimitation entre la sphère d’action britannique et la sphère d’action portugaise est devenue plus douteuse que jamais. Le Portugal invoque ses vieux droits historiques, ses droits d’ancienne suprématie sur ces contrées de l’intérieur de l’Afrique ; la compagnie anglaise, représentée par M. Cecil Rhodes, qui est en même temps premier ministre de la colonie du Cap, invoque le droit de conquête, le droit d’une occupation récente accomplie de vive force. Lord Salisbury soutiendra-t-il les prétentions de la compagnie anglaise appuyées par de puissantes influences de cour ? Sentira-t-il la nécessité, ne fût-ce que par prudence politique, de ne pas pousser à bout un petit pays blessé dans son orgueil comme dans ses droits ? Si le ministère portugais n’obtient rien, il sera bien obligé de céder ; mais alors il risque de se retrouver désarmé devant une opinion plus émue et plus irritée que jamais, en face d’agitations nouvelles dont l’échauffourée de Porto n’aura été peut-être que le prélude.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le grand succès de l’emprunt national de 869 millions n’a pas ranimé, comme on l’espérait, l’activité des affaires sur notre marché. Quelques optimistes avait compté sur l’ouverture immédiate d’une brillante campagne de hausse. Il est probable que la spéculation a bien plus sagement agi en abandonnant pour un temps aux capitaux de placement la direction des mouvemens de cours.

Il fallait d’abord, en effet, traverser l’épreuve de la première