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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/146

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Les êtres inconsciens et totalement inintelligens, ce sont toutes les plantes et beaucoup d’animaux inférieurs.

Rappelons d’abord un fait de notion vulgaire, mais qu’il faut cependant avoir bien présent à l’esprit pour comprendre les lois de la reproduction ; c’est que tout être vivant est composé de cellules, c’est-à-dire de petits organismes élémentaires, ayant, dans une certaine mesure, leur existence propre et leur individualité. Une cellule est une masse de substance albuminoïde (protoplasma), entourée d’une membrane, et possédant un noyau qui est son centre. Protoplasma, membrane, noyau; voilà l’être cellulaire, pourvu d’une sorte d’autonomie, et ayant, dans une certaine mesure, son existence indépendante. Tout être vivant, végétal ou animal, est un agrégat de cellules. Celles-ci ont les formes et les dimensions les plus diverses; le protoplasma, la membrane cellulaire et le noyau prennent des configurations variées, de telle sorte qu’au premier abord on a peine à concevoir qu’un os est un agrégat de cellules, au même titre qu’un muscle ou qu’une pomme de terre. C’est l’illustre physiologiste Schwann qui, en 1837, a introduit dans la science la théorie cellulaire. Il n’en est pas de plus générale et de plus féconde.

Certains êtres élémentaires, comme les microbes, par exemple, ne sont constitués que par une seule cellule. Alors, cette cellule unique, pour vivre, doit posséder tous les attributs de l’être ; elle doit se nourrir, respirer et se reproduire.

Eh bien! dans ce cas, le procédé de reproduction est extrêmement simple. Cette cellule, à un moment quelconque de son évolution, grandit, puis se sépare en deux fragmens : une cellule unique se transforme en deux cellules.

Puisque nous avons pris l’exemple des microbes, continuons à voir comment se développent certains microbes, ceux qu’on appelle bacillus, petit bâton ; et imaginons un bâton qui, grandissant rapidement, au bout d’une heure environ, à son milieu devient fragile, puis se casse. Nous avions un bâton; et maintenant nous en avons deux. Chacun de ces deux bâtons, au bout d’une heure encore, grandissant à son tour, se segmentera ; de sorte qu’après deux heures, nous aurons quatre bâtons, et ainsi de suite.

Nul besoin de faire de longs calculs pour voir la prodigieuse rapidité de ce développement. Un bacille, dans Un milieu favorable, donnera ainsi naissance en vingt-quatre heures à 16 millions de bacilles semblables, et, en quarante-huit heures, il y en aura 500,000 milliards, chiffre bien supérieur à ce que notre intelligence peut saisir.

Tel est le procédé de reproduction le plus élémentaire; mais en général la reproduction, même chez les microbes, est un peu