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de citer quelques exemples précis et concrets, qui permettent de serrer la réalité de plus près.

D’abord, il est évident que les mâles des oiseaux font la cour aux femelles. Ce n’est pas tout à fait à la manière humaine; mais la différence n’est pas aussi grande qu’on pourrait le penser d’abord.

Les mâles des coqs de bruyères (tétras) se réunissent plusieurs fois par semaine pour danser devant les femelles, et danser en chantant. C’est donc un bal avec concert, dans lequel chaque individu est appelée développer son talent. Il redresse la queue et l’étale en éventail, lève la tête et le cou et déploie ses ailes. Il fait ensuite des sauts en cercle, et appuie si fortement contre terre la partie intérieure de son bec que les plumes du menton en sont arrachées. Pendant ce temps, il bat des ailes, et tourne toujours, et, sa vivacité augmentant sans cesse, la danse finit par dégénérer en une sorte de tournoiement frénétique. Les réunions n’ont lieu qu’en avril pendant la saison des amours ; il y a souvent ainsi trente ou quarante mâles assemblés, et le sol piétiné par leurs danses est un grand cercle dégarni d’herbe que les chasseurs scandinaves appellent leks, et les chasseurs allemands balzen.

D’autres oiseaux (Rupicola), au lieu de danser, font des cabrioles, se pavanant, sautillant devant les femelles. Chaque mâle vient à son tour faire des exercices d’adresse et de beauté.

Les mâles des oiseaux de paradis se rassemblent sur un arbre, agitant leurs admirables plumes, en les faisant tournoyer, vibrer dans tous les sens; ils sont si absorbés dans cette occupation, qu’un chasseur habile peut en profiter pour abattre successivement toute la bande.

Le faisan doré, quand il déploie sa magnifique fraise, la tourne obliquement vers la femelle, de quelque côté qu’elle se trouve. Pourquoi, sinon pour exciter son admiration ?

Les pigeons, quand ils sont en face des femelles, baissent la tête jusqu’à terre, en étalant et agitant la collerette de plumes richement colorées qu’ils ont au cou, de manière à la faire chatoyer sous tous les aspects : en même temps ils relèvent la queue et étalent les ailes, toutes manœuvres destinées à faire éclater la beauté de leur plumage, si bien que, lorsqu’un empailleur veut montrer un oiseau dans tout l’épanouissement de sa beauté, c’est dans cette attitude qu’il le représente.

Le mâle cherche à plaire, mais il n’y réussit pas toujours. Suivant les cas, il en est qui plaisent; il en est d’autres qui sont rebutés. Les naturalistes citent des exemples curieux de la préférence des femelles pour tel ou tel mâle. Un coq de combat est toujours préféré par les poules à tout autre coq. Les éleveurs