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monnaie divisionnaire, la valeur marchande du dollar, contenant 371.25 grains d’argent fin, était d’environ 1 1/2 cent (le cent centième partie du dollar, vaut un peu plus de 5 centimes) plus élevée que celle du dollar d’or. Au 1er mars 1878, quand commencèrent les achats pour le monnayage des dollars, la valeur du dollar d’argent n’était plus que de 0.93 dollar or, et maintenant (novembre 1889) elle est tombée à 0.72 dollar or. En d’autres termes, l’argent est tombé, relativement à l’or, de 28 pour 100 dans ces dernières seize années, et de 20 pour 100 depuis le commencement des achats de 1878. »

Cette baisse continue s’est produite, quoique la quantité d’argent acheté augmentât à mesure que le prix en baissait, puisqu’on vertu du Bland-bill, il fallait en acquérir pour 2 millions de dollars par mois. Au 1er mars 1878, au prix de 54 15/16 pence l’once standard, ou de 1.20429 dollar par once de fin, les 2 millions de dollars employés mensuellement achetaient 1,660,729 onces de fin, qui livraient 2,147,205 dollars standard. Au prix moyen de l’année fiscale, finissant au 30 juin 1889, soit au prix de 42 pence 49 l’once standard, équivalant à 0.93163 dollar l’once de fin, les 2 millions de dollars employés mensuellement achetaient 2 millions 146,755 onces de fin, qui livraient 2,775,628 dollars standard.

Certes, si les États-Unis continuent à acheter chaque mois 4 millions 500,000 onces d’argent, le prix s’en relèvera, puisqu’il a suffi, l’an dernier, en mai-juin, de la perspective encore incertaine de certaines mesures favorables à l’argent qui pouvaient être adoptées par le congrès pour faire monter de dix pence environ le prix de ce métal. Mais maintenant, dans quelle mesure se produira cette hausse ? Nul ne peut le dire. Ce qui est certain, c’est que le prix de l’argent ne sera pas stable tant qu’il n’aura qu’un marché à prix débattu car le moindre excédent dans l’offre suffira pour amener une baisse hors de proportion avec l’accroissement de la production. Il n’y a évidemment que la frappe libre et illimitée, d’après un rapport légal avec l’or, qui puisse donner aux métaux précieux une valeur fixe. Reste à voir si les États-Unis pourraient, par ce moyen, rendre à l’argent son ancienne valeur ? En tout cas, il est hors de doute que nul pays ne pourrait tenter cette entreprise avec autant de chances de succès que la grande république transatlantique, pour les motifs suivans.

Premièrement, le rapport de 1 à 16 entre l’or et l’argent empêcherait les envois d’argent en échange d’or faits par l’Europe pour le compte des arbitragistes, puisque, l’argent n’ayant aux États-Unis qu’un pouvoir payant seize fois moindre que l’or, au lieu de quinze fois et demie en Europe, il faudrait envoyer à New-York