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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/328

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plus les frais. En vertu de la loi de l’offre et de la demande, le prix moyen sur le marché d’une denrée est déterminé par la quantité de cette denrée qui s’offre à meilleur compte. Par conséquent, c’est le blé indien qui règle le prix du blé anglais et du blé américain, et cela d’autant plus que les exportations de blé de l’Inde augmentent sans cesse et s’élèvent presque à la moitié de celles des États-Unis. C’est ainsi que la baisse de l’argent ruine les cultivateurs de l’Amérique et de l’Europe. Si la valeur de l’argent était ramenée à son ancien taux, pour se procurer 16 shellings ou 8 roupies argent à Londres, il faudrait vendre le blé de l’Inde 16 shellings-or, et ce serait ce prix que les cultivateurs américains et européens obtiendraient désormais pour leur grain. Il en est de même pour le coton. On voit donc quel colossal intérêt pousse les États-Unis à favoriser la hausse du métal blanc, et l’on s’explique l’unanimité que rencontre dans les deux chambres du congrès toute mesure qui paraît devoir amener ce résultat.

Il nous faut examiner maintenant quels seront les effets du nouveau silver-bill et pour l’Amérique et pour l’Europe. Et d’abord, l’achat de 4,500, 000 onces d’argent imposé au trésor suffira-t-il pour ramener l’argent à l’ancien rapport légal, relativement à l’or, de 16 à 1, soit à 59 pence l’once à Londres, comme l’espèrent les partisans du bill ? Les résultats obtenus par le Bland-bill de 1878 ne sont guère encourageans à cet égard.

Les États-Unis ont d’abord, de 1873 à 1876, acheté 31 millions 603,905 onces d’argent, au prix de 37,571,148 dollars, pour en faire de la monnaie divisionnaire (subsidiary coins). Du 28 février 1878 au 1er novembre 1889, il a été acquis 299 millions 889,416 onces d’argent, pour 286,930,633 dollars, qui ont été frappées en 343,638,001 dollars legal-tender, avec plein pouvoir payant. Sur ce total, 60,098,480 dollars, ou moins de 1 dollar par tête, étaient en circulation au 1er’novembre 1889 ; 283 millions 539,521 dollars étaient déposés dans les caves du trésor, mais 277,319,944 dollars circulaient sous forme de silver-certificates ; l’excédent n’agissant pas comme instrument d’échange n’était que de 6,219,577 dollars. On peut donc affirmer que la tentative de faire emploi de l’argent comme moyen de paiement sous forme de certificat a complètement réussi, et c’est même l’un des motifs qui a engagé le congrès américain à donner une place encore plus large dans la circulation au métal blanc.

Mais, d’un autre côté, les achats si considérables faits par les États-Unis n’ont pas empêché la baisse continue du prix de ce métal, comme le montre un rapport récent de M. William Windom, secrétaire du trésor. (Silver. — Washington, Prititing office, 1889.)

« En 1873, date où commencent les achats d’argent pour la