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partage joue un grand rôle dans la marche et les programmes de l’enseignement secondaire. Il aboutit, en définitive, aux résultats suivans, caractérisés par les chiffres des jeunes gens qui adoptent les diverses directions signalées : Facultés de droit, 5,152 étudians ; Facultés et écoles de médecine et de pharmacie, 6,455 ; Facultés des sciences, 1,174 ; Facultés des lettres, 1,622. Dans les écoles spéciales, 1,000 à 1,200 concurrens entrent chaque année; par suite, elles comprennent en tout 2,500 élèves environ.

Cela fait, à un moment donné, à peu près 17,000 jeunes gens engagés définitivement dans les carrières de l’enseignement supérieur ou équivalentes : soit le dixième du chiffre des enfans qui suivent au même moment l’enseignement secondaire, et 7 pour 1,000 du chiffre total des enfans assujettis à l’enseignement primaire. Ces chiffres ne peuvent être regardés que comme une première indication, les données numériques précises faisant défaut sur plus d’un point. Mais ils caractérisent cependant l’état général de notre enseignement et ils donnent une image de cette sorte de pyramide, dont l’instruction primaire est la base et l’instruction supérieure constitue le sommet : pyramide morale dont l’État a accepté, en France, la charge principale, la direction et la responsabilité.

Tels sont les faits qu’il m’a paru opportun de constater d’abord, parce qu’ils résultent du jeu naturel des institutions existantes, combinées avec la volonté des familles et les besoins et nécessités de la société française. La solution du problème de l’enseignement secondaire est liée intimement avec leur connaissance.


II. — LA DESTINATION DE l’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE.

L’objet de l’enseignement secondaire et sa destination ont été souvent définis, a priori, d’après l’opinion ou le système que chacun se fait sur le but idéal de l’éducation et sur le caractère qu’elle doit imprimer à l’individu. Je demanderai la permission de me placer à un autre point de vue et d’examiner a posteriori ce que recherchent d’une part et veulent les familles, en faisant élever leurs enfans, et ce que la société a le droit de réclamer de son côté, au double point de vue des carrières particulières et de l’éducation générale.

Je parlerai seulement de l’organisation française, où l’État fait une grande partie des frais de l’instruction à tous ses degrés; en même temps qu’il assure à la jeunesse instruite, par ses diplômes et par ses fonctions, les principaux débouchés. Que ce soit là une situation désirable, plus ou moins avantageuse par rapport à