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en entre un dans l’enseignement secondaire, comme boursier élevé aux frais de la communauté. Cette proportion donne une idée des sacrifices faits par la République française pour utiliser toutes les capacités et mettre en valeur, par l’éducation, les forces latentes de la démocratie.

Les élèves de l’enseignement secondaire se partagent en deux groupes, qu’il est essentiel de définir pour comprendre l’importance de la discussion engagée aujourd’hui sur la direction adonner à l’enseignement secondaire : à savoir les élèves qui suivent l’enseignement classique, et les élèves qui suivent l’enseignement spécial.

L’enseignement classique, particulièrement dirigé en vue des professions dites libérales et des grandes écoles du gouvernement, comptait, en 1887, dans les lycées : 42,594 élèves; dans les col- lèges, 17,568 élèves; en tout, 60,162 élèves.

L’enseignement dit spécial, dirigé en vue des carrières industrielles, commerciales et agricoles, et qui se confond parfois avec l’enseignement primaire supérieur, comptait, au même moment : dans les lycées, 11,222 élèves; dans les collèges, 11,665 élèves; en tout 22,887 élèves, sans préjudice des 7,083 enfans qui reçoivent l’enseignement primaire dans les derniers établissemens, lesquels feraient monter le total vers 30,000.

Le rapport entre les élèves de l’enseignement classique et les élèves de l’enseignement spécial ou autres serait donc, dans les établissemens publics, approximativement celui de 60,000 à 30,000, ou de 2 à 1.

Examinons maintenant brièvement ce que deviennent ces enfans, formés dans les établissemens et par les méthodes de l’enseignement secondaire.

Près des deux tiers ne dépassent pas la classe de quatrième dans les collèges, où l’enseignement est à la fois moins coûteux et plus faible. Une proportion d’enfans moins considérable à la vérité, mais toujours notable, s’arrête au même terme dans les lycées.

Arrivés à ce degré, un grand nombre de parens regardent la culture de leurs enfans comme suffisante, et ils les font entrer de suite dans la voie professionnelle. Ce départ s’accentue de plus en plus à mesure que l’enfant avance en âge. A la fin de la seconde ou de la rhétorique s’opère de nouveau un grand partage, celui des jeunes gens qui suivent la carrière des sciences mathématiques et physiques en vue des écoles du gouvernement : Marine, Polytechnique, Saint-Cyr, Centrale, etc.; tandis qu’un autre groupe de jeunes gens poursuivent et réclament une culture littéraire plus forte, en vue de l’enseignement du droit ou de la médecine. Ce