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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/353

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relative, l’association ou la séparation suscitent aujourd’hui les plus vifs débats, il me paraît utile de rappeler comment on est arrivé à l’état actuel et par quelles phases successives l’instruction des adolescens a passé depuis quelques siècles. La connaissance du passé est indispensable pour bien comprendre l’état présent et préparer les directions de l’avenir.


III. — L’ENSEIGNEMENT DES ADOLESCENS AU MOYEN AGE ET DEPUIS LA RENAISSANCE.

Le nom d’enseignement secondaire est moderne ; mais la chose est ancienne et elle a existé de tout temps ; car de tout temps on a cru nécessaire de donner à l’enfant une certaine éducation, qui le préparât aux devoirs de l’âge viril. Sans remonter jusqu’à l’antiquité, que nous ne connaissons pas bien, il suffira de rappeler qu’avant la Révolution, l’Université prenait comme aujourd’hui l’enfant dès l’âge de neuf à dix ans et le rendait, vers dix-sept à dix-huit ans, avec le titre de maître ès arts ; dès l’âge de vingt et un à vingt-deux ans, il pouvait être gradué en théologie, en droit ou en médecine. Les méthodes générales d’instruction avaient traversé dans le cours des siècles, au moyen âge, puis aux temps modernes, diverses phases qu’il n’est pas superflu de rappeler.

On sait que c’est vers la fin du XIIe siècle que se constitua le régime des universités et que ce nom même apparaît pour la première fois : les cadres généraux constitués à cette époque, successivement étendus et perfectionnés, subsistèrent jusqu’au XVIe siècle. L’objet principal de l’enseignement était alors la logique, réputée l’art par excellence. Quand l’écolier avait appris la lecture, l’écriture, les élémens de la grammaire latine, il commençait vers l’âge de douze ans à faire un cours de logique, soit à Paris, soit dans une autre université comptant au moins six régens, et il pouvait ainsi se mettre en mesure de subir, dès l’âge de quatorze ans, les épreuves qui lui conféraient le titre de déterminant[1], c’est-à-dire de bachelier dans notre langue actuelle. Cet âge de quatorze ans était inférieur de deux ans à la limite fixée par nos règlemens présens, et il représentait également une limite, l’âge moyen étant, alors comme aujourd’hui, un peu plus élevé. Le candidat devait justifier, par des certificats plus ou moins sérieux, avoir suivi un cours ordinaire et au moins deux cours extraordinaires sur l’Introduction de Porphyre, le livre des Catégories, l’Interprétation, la Syntaxe de Priscien, un cours ordinaire et un cours

  1. Determinare : passer des thèses, dans le latin de cette époque.