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et grammaticaux au début, s’étaient élargis peu à peu dans le cours des temps. Les théologiens eux-mêmes, au XVe siècle, commencent à mépriser la scolastique et à remettre en honneur le culte des lettres et de l’éloquence; on établit à cette époque, à côté des cours de logique, des cours de morale et de rhétorique. En 1452, on ajouta aux études les règles de la versification : c’est la date de l’apparition du vers latin, qui a pris dans l’enseignement une importance croissante aux XVIIe et XVIIIe siècles, pour être éliminé seulement de nos jours. Cinq ans après, la faculté des arts institua des leçons extraordinaires de grec. Malgré tout, l’exercice fondamental dans les études et dans les examens était toujours la dispute orale, qui parfois dégénérait en rixe : les compositions écrites, d’ailleurs, n’étaient point en usage. On exigeait en principe cet usage incessant de l’argumentation, comme éminemment propre à aiguiser l’esprit et à donner aux jeunes gens l’habitude de la parole; l’enseignement de l’enfance et de l’adolescence étant alors réputé avoir pour objet principal de former l’instrument de l’esprit, indépendamment de la matière même enseignée.

Vers la même époque s’opéra, d’une façon d’abord inaperçue, un changement dans la discipline qui devait avoir les plus profondes conséquences; je veux parler de l’institution des internats. Les élèves étaient libres dans les vieilles écoles du moyen âge, logés chez leurs parens, ou dans des familles privées, ou autrement, comme ils pouvaient. Ils suivaient dans ces conditions les cours publics ou privés. Mais peu à peu les désordres qui naissaient d’un tel état de choses, surtout pour les enfans isolés, donnèrent lieu à une institution nouvelle. Au XVe siècle, en effet, nous trouvons établie l’institution des pensionnats et collèges, sous la direction des Pédagogues. Les cours libres de la rue du Fouarre, si célèbres du temps d’Abélard, disparaissent. En 1503, voici quelle était, par exemple, l’organisation des études du collège de Montaigu : de quatre heures à six heures du matin, à six heures, messe; de huit à dix heures, leçon, répétition; de dix à onze heures, discussion et argumentation ; à onze heures, dîner et repos; puis examen et dispute; de trois à cinq heures, leçon; à cinq heures, vêpres, puis dispute; à six heures, souper; à sept heures, examen sur les leçons du jour, etc. ; à huit heures du soir en hiver, à neuf heures en été, coucher. Les élèves étaient partagés suivant leur âge en plusieurs lectiones ou classes. Ce régime était plus dur que le nôtre ; les mœurs générales étaient, d’ailleurs, plus rudes.

Cependant une évolution générale s’effectuait dans les esprits. En même temps que les institutions féodales et religieuses du