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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/483

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financière générale, non à cause de quelque accident extérieur, subit, imprévu, mais par l’action prolongée de vices intérieurs d’administration, de direction des affaires sociales.

À un autre point de vue, il est regrettable que les circonstances obligent une fois de plus le gouvernement à intervenir comme sauveteur des déposans et à entraîner la Banque de France dans des aventures qui ne lui porteront pas préjudice, on doit l’espérer, mais qui font sortir cette grande institution de son rôle naturel et engagent une partie de ses capitaux dans un ordre d’opérations qui devraient regarder exclusivement les liquidateurs judiciaires.

Quelques jours avant cette chute de la Société de dépôts, le marché avait été déjà ébranlé par de très fâcheuses nouvelles de la République Argentine où le désordre financier et la détresse publique ont atteint un tel degré d’acuité qu’il a fallu fermer la Bourse et la Douane, suspendre les paiemens des banques et décréter un emprunt national.

Les fonds argentins étaient déjà si bas que ces nouvelles, pour si mauvaises qu’elles fussent, ne les ont pas fait baisser davantage. Mais elles ne peuvent qu’éloigner de plus en plus les chances de réalisation avantageuse des portefeuilles de plusieurs grandes maisons de banque anglaises, que l’on sait remplis de titres argentins possédant une valeur intrinsèque, mais pour l’instant et pour un long temps encore, invendables.

Malgré les appréhensions que suscite cet état du marché de Londres, malgré l’accroissement des difficultés auxquelles se heurtent tous essais de réorganisation des finances argentines, malgré la débâcle de la Société de dépôts et de comptes courans, nos fonds publics ont conservé une très ferme attitude et n’ont fait à cet ensemble de circonstances fâcheuses qu’un sacrifice de quelques centimes.

Il n’en a pas été de même pour les titres des établissemens de crédit dont le marché a été très atteint par contre-coup. Le bruit que la Société de dépôts aurait dans son portefeuille, pour des sommes importantes, du papier de la Banque d’escompte a provoqué des offres sur les actions de ce dernier établissement. Ces titres ont reculé de 560 à 530.

Le Crédit lyonnais et la Banque de Paris n’ont pas été épargnés. Le premier a fléchi de 820 à 782.50, la seconde de 835 à 812.50. Le Crédit mobilier perd 20 francs à 415 ; la Société générale, 15 francs à 500 ; le Crédit industriel, 20 francs à 650 ; le Comptoir national d’escompte, 25 francs à 630. Le Crédit foncier, avec moins de raison qu’aucun de ces établissemens, a reculé de 12.50, à 1,273.75. La Banque russe et française a reculé de 30 francs à 350, en prévision des pertes auxquelles on la suppose exposée par suite de ses engagemens argentins.

Cette demi-panique sur les titres des sociétés de crédit va se calmer