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M. Beulé publiait ici même[1] une sorte de dissertation historique, où le glorieux passé de l’Académie de France à Rome et les conditions normales de cette noble institution étaient rappelés avec une précision qui ne souffrait guère de réplique. Il y en eut une pourtant, passablement irrévérencieuse pour l’Académie des Beaux-Arts, très louangeuse, en revanche, pour l’administration qui l’avait, d’ailleurs, directement inspirée, mais, en réalité, fort peu concluante, puisqu’elle n’opposait aux faits acquis que de très incertaines promesses et aux argumens tirés des principes que des railleries au moins intempestives sur la « rhétorique » de celui qui les avait produits[2].

Cependant, malgré la constance des efforts tentés par l’Académie, malgré le zèle habile et l’infatigable activité de son secrétaire perpétuel, rien n’était survenu encore qui permît d’espérer sérieusement le succès des revendications et l’abandon par le gouvernement des mesures qui y avaient donné lieu. Sur quelques points de détail, il est vrai, des modifications avaient été apportées aux prescriptions primitives. Ainsi, dès le mois de janvier 1864, par un assez singulier démenti à ses décisions de la veille, l’administration des beaux-arts rétablissait à l’École, aussi lestement qu’elle les avait supprimés, les exercices du soir d’après le modèle vivant et d’après la bosse, les concours dits « d’émulation, » les anciennes conditions d’admission imposées aux élèves architectes et la division de ceux-ci en deux classes ; mais, ces concessions et quelques autres d’une importance aussi secondaire une fois faites, l’administration entendait bien s’en tenir là et, comme elle prenait soin d’en informer le public par une note officielle, « ne plus rien changer désormais ni à l’esprit, ni aux termes du décret du 13 novembre. » Par conséquent, la substitution de son bon plaisir ou, si l’on veut, de son action toute personnelle à l’influence exercée jusqu’alors par l’Académie sur la marche des études à Paris et à Rome devenait un acte, au moins en apparence, irrévocable, contre lequel assurément il appartenait à l’Académie de continuer à protester dans l’intérêt de l’art et des artistes, mais qu’il y avait peut-être quelque imprudence à essayer de combattre au nom de la légalité et par des moyens juridiques.

L’Académie, toutefois, crut devoir pousser ses réclamations

  1. Voir, dans la Revue du 15 décembre 1863, l’Ecole de Rome au dix-neuvième siècle.
  2. Le décret du 13 novembre et l’Académie des beaux-arts, par M. Ernest Chesneau, brochure de 57 pages, suivies d’un nombre à peu près égal d’autres pages reproduisant le Rapport de M. de Nieuwerkerke, celui du maréchal Vaillant et la Réponse de ce ministre au Mémoire adressé par les membres de l’Académie à l’empereur, etc.