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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars.

Les vacances de Pâques ou de printemps sont venues pour nos chambres comme pour les chambres de tous les pays ; elles sont venues, pour le coup, cette année, avant le printemps, sous l’influence prolongée et morose d’un hiver qui ne veut pas s’avouer vaincu.

C’est un usage universel. C’est aussi un peu une nécessité pour la plupart de nos députés et de nos sénateurs appelés à leurs conseils-généraux par la session d’avril. C’est enfin une de ces haltes périodiques, une de ces trêves que les parlemens se ménagent au courant de l’année pour se reposer de ce qu’ils n’ont pas fait et du temps perdu. En voilà pour un mois de silence au Palais-Bourbon et au Luxembourg, de placide indifférence dans le pays qui n’est jamais plus tranquille que lorsque ses représentans ne l’agitent pas de leurs vaines querelles. Qu’en sera-t-il dans un mois, au 27 avril, jour fixé pour le nouveau rendez-vous parlementaire ? Nos chambres reviendront tout juste pour assister à la grande représentation pacifique et, au besoin, tumultueuse, que les socialistes se proposent de recommencer à Paris, le 1er mai, comme l’an dernier. Elles retrouveront aussi tout ce qu’elles ont laissé en suspens. Elles pourront avoir, si elles le veulent, une laborieuse session d’été, ne fût-ce qu’avec cette grave et redoutable affaire de la législation douanière qui pèse sur nos industries, sur notre commerce, sur nos relations, sur tous les intérêts français. Ce qu’il y a de sûr pour le moment, quel que soit le lendemain de ces vacances qui viennent de s’ouvrir, c’est que nos chambres se sont séparées sans bruit, sans regret ces jours derniers, après une session d’hiver qui n’a été rien moins que laborieuse et fructueuse. En réalité, ce sont deux mois et demi à peu près perdus en débats décousus, en interpellations inutiles, eu explications vagues qui ne décident rien ni pour la direction générale de la politique de la France, ni pour les plus sérieux intérêts du pays, tout s’est passé en