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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 105.djvu/397

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de l’année où le pétrole est le plus nécessaire, MM. Nobel et d’autres raffineurs ont établi d’immenses réservoirs sur divers points de la Russie : à Tzaritzin sur le Volga, au terminus des chemins de fer russes ; à Orel, dont les réservoirs peuvent contenir plus de 100 millions d’hectolitres. On a proposé, dans le même dessein, la prolongation des voies ferrées, soit de Vladikavkaz à Tiflis, soit de Vladikavkaz à Pétrovsk, port du Daghestan, à vingt-quatre heures au nord de Bakou. De Pétrovsk on pourrait construire un chemin de fer jusqu’à Bakou, ou tout au moins établir un service de bateaux-citernes. Sans doute, le gouvernement russe ne tardera pas à relier Vladikavkaz à la mer, car son intérêt stratégique y est encore plus engagé que son intérêt commercial.

Ajoutons que l’industrie pétrolifère a donné un nouvel essor au commerce de la Baltique, dont les divers ports, et en particulier Libau, directement reliés par canaux ou voies ferrées au Volga, font en grand le commerce d’exportation avec l’Allemagne, la Belgique et la France.


V

On se demandera, sans doute, quelle doit être la constitution d’un sol si riche en hydrocarbures, si fécond en phénomènes de toute espèce, gisemens de naphte, éruptions volcaniques, cratères de boue ou de feu, émanations de gaz inflammables, du reste, parfaitement stérile, et privé de toute végétation ; de nombreux savans ont étudié l’histoire de la formation du pétrole aux diverses époques géologiques, et, bien que la plupart des hypothèses proposées soient très contestables, nous croyons intéressant de les rapporter ici.

Tout le monde a reconnu d’un commun accord que le pétrole américain se rencontre dans les terrains primaires, tandis qu’on trouve le pétrole russe dans les couches tertiaires de la formation aralo-caspienne. Mais ici commence le désaccord : suivant les uns, le naphte serait dû à la décomposition souterraine des substances végétales ; les autres lui attribuent une origine animale. Les premiers se fondent sur ce fait qu’en Amérique les gisemens pétrolifères sont voisins des gisemens de houille ; de plus, on extrait de la houille distillée des huiles analogues à l’huile de naphte, à cela près qu’elles ne se dissolvent pas ou presque pas dans la benzine. On a donc cru que le naphte avait été formé comme la houille d’une décomposition de végétaux en vase clos ; les émanations gazeuses et les flammes sacrées seraient la