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les prêtres, il en réfère au gouverneur-général, qui juge en dernier ressort.

Voici maintenant comment se répartissent les diverses fonctions administratives dans la résidence de Bali et Lombock. Le résident dirige les affaires de la résidence, reçoit les chefs de district et les délégations officielles des sultans voisins, réunit une fois par semaine tous les chefs de villages et préside les séances du landraad; il dispose du droit de casser les jugemens du kerta et de ratifier ou d’annuler la nomination des chefs indigènes. Il travaille avec le concours d’un secrétaire de la résidence, sorte d’officier d’état civil, et de deux contrôleurs de deuxième classe dont l’un est établi à Boeleleng, l’autre à Djembrana. A tous deux appartiennent la direction de la police et la présidence du kerta sur leur territoire respectif. Un troisième contrôleur, de grade moins élevé, a pour fonction de cadastrer les rizières et de fixer les impôts fonciers. Un commandant de port, domicilié à Pabean, a la haute surveillance sur le mouvement de ce port et de trois autres ports qui sont également ouverts au commerce sur la côte septentrionale. Deux commis postaux, préposés au dépouillement des lettres et au service du télégraphe, veillent en outre à ce qu’un canot-courrier parte à jours fixes, deux fois par semaine, pour Banjoewangi. Enfin, M. van der Tück figure comme interprète dans cette hiérarchie administrative. En même temps il est, dans quelque mesure, le conseiller du gouvernement. Sachant à fond la langue balinaise, vivant au milieu du peuple, étant un peu le confident de ses pensées, il peut mieux que personne indiquer des directions sages à la diplomatie hollandaise et l’avertir de ses erreurs; ainsi, il signalera qu’il y aurait danger à interdire les combats de coqs.

Le régime hollandais, à Bali, coûteux en traitemens de fonctionnaires européens et de chefs indigènes, ne rapporte pour le moment rien du tout à Batavia. Il est vrai que l’occupation de Boeleleng et de Djembrana a pour effet de protéger la côte orientale de Java, qui était absolument découverte auparavant; mais, enfin, Bali est un pays fertile et qui devrait, allécher la cupidité des planteurs. On peut donc penser que les Hollandais ne se contenteront pas de s’être concilié la faveur du peuple balinais et que leur politique de douceur persuasive ne fait que préparer dans l’île une base solide à l’exploitation du sol. Que le peuple accepte ou non la substitution d’un régime d’affaires au régime actuel, tout platonique, ils sauront bien, le jour où ils seront moins préoccupés d’autres régions de l’archipel, tirer tout le profit possible de cette source nouvelle de richesses que leur habile diplomatie a mise à leur disposition.


FRITZ DU BOIS.